La Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) aimerait se départir de l'immeuble abritant l'ancien musée Juste pour rire au plus tard au mois de mars 2012. Elle est prête à attendre jusqu'à cette date pour vendre l'édifice aux 7 doigts de la main. Sinon, elle se tournera vers d'autres acheteurs.

C'est ce qu'a affirmé le directeur de la gestion immobilière à la SHDM, Carl Bond, qui a lancé la balle au ministère de la Culture. «Nous devons absolument avoir un engagement financier de la part du Ministère, a-t-il dit. Nous verrons si le prochain budget du gouvernement (qui sera justement présenté en mars) tiendra compte du projet des 7 doigts.» La SHDM souhaite conserver la vocation culturelle de l'ancienne brasserie, mais pas à n'importe quel prix.

Rappelons que l'intention des 7 doigts de la main, une fois le bâtiment acquis, est de transformer le lieu en Centre de création et de production, un projet estimé à 13 millions de dollars. Les 7 doigts espèrent obtenir du ministère de la Culture le financement d'environ la moitié de cette somme grâce au Programme d'aide aux immobilisations. Les autres partenaires financiers seraient Patrimoine canadien et la Ville de Montréal.

Carl Bond s'est dit prêt à signer une lettre d'entente conditionnelle avec les 7 doigts de la main si Québec le lui demandait, afin de rassurer le gouvernement sur ses intentions. «Si ça peut faire avancer le projet, nous sommes prêts à le faire. À garantir que nous ne vendrons pas l'immeuble à quelqu'un d'autre, si c'est leur crainte.»

Cette entente serait conditionnelle à l'approbation du C.A. de la SHDM et du comité exécutif de la Ville de Montréal, selon Carl Bond. «Notre objectif est de vendre l'immeuble sans perdre d'argent, c'est-à-dire au moins 3,1 millions. Pour ce qui est du choix du projet culturel, on se fie à la direction de la culture de la Ville de Montréal.»

D'autres groupes culturels ont manifesté un intérêt pour l'immeuble du boulevard Saint-Laurent, incluant la Ligue nationale d'improvisation (LNI) et le festival de musique électronique MEG Montréal. Mais la Ville de Montréal a une préférence pour le projet des 7 doigts. Le responsable des relations avec les médias, Philippe Rousseau, a indiqué à La Presse qu'il s'agissait du projet «le plus crédible» et «le plus intéressant pour revitaliser le quartier».

Ministère de la Culture

Le ministère de la Culture est bien renseigné sur le dossier des 7 doigts. Sa porte-parole, Annie LeGruiec, a indiqué qu'une directive du Conseil du Trésor invitait toutefois les ministères à «prioriser le maintien d'actifs de projets existants», ce qui ne veut pas dire, selon elle, «que les nouveaux projets seront refusés». Elle a indiqué que la proposition des 7 doigts fera l'objet d'une analyse. L'an dernier, le Ministère a versé 81,7 millions pour financer 77 projets dans le cadre du Programme d'aide aux immobilisations.

Le directeur général de la troupe, Nassib El Husseini, s'est dit sûr d'en arriver à une entente avec lui. «Nous devons déposer une demande officielle au Ministère dans les prochaines semaines, et nous espérons ensuite obtenir un accord de principe, a-t-il dit. Ce projet est bon pour tout le monde, et nous misons là-dessus pour l'instant.»

Les 7 doigts doivent quitter le Studio B, leur lieu de répétition, au courant de l'année prochaine. Le bâtiment adjacent à l'École de cirque de Verdun sera transformé en maison de la culture en 2012.