La pénible attente avant le concert de The Killers à - 35 °C, samedi dernier à la Place Bell de Laval, ne serait que la pointe de l'iceberg, à en croire une dizaine de témoignages recueillis par La Presse sur les ratés vécus autour ou à l'intérieur du nouvel amphithéâtre. Voici les principales doléances des usagers, auxquelles le gestionnaire evenko n'a toujours pas donné suite.

DIFFICILE D'ENTRER...

L'accès au stationnement semble être la principale source de frustration des clients qui visitent la Place Bell. Le calvaire se serait répété au combat de boxe de David Lemieux, à certains matchs du Rocket de Laval, au concert de The Killers ainsi qu'aux spectacles La Pat'Patrouille.

André Germain, de Mont-Laurier, se souviendra longtemps de son passage à la Place Bell avec sa femme et ses petits-enfants, mais pas pour les bonnes raisons : arrivé la veille chez sa soeur, il raconte être parti de Saint-Jérôme à 9 h 30 pour la représentation de 11 h des patrouilleurs canins. Toujours pris dans la file à 10 h 50, il a laissé sa famille aller au spectacle pour ne la retrouver qu'à... 12 h 25, une fois le rideau tombé. « Ça m'a coûté 55 $ pour un spectacle que je n'ai pas vu et je ne suis pas le seul qui a subi ça », déplore-t-il. À noter : le stationnement de la Place Bell compte 700 places, tandis que l'amphithéâtre peut accueillir jusqu'à 10 000 spectateurs.

OÙ EST MON MANTEAU ?

Le vestiaire de la Place Bell a donné bien du fil à retordre à des centaines de spectateurs. Certains d'entre eux racontent que, lors du passage du groupe dance-punk américain LCD Soundsystem en décembre, le personnel a mélangé les numéros associés aux manteaux des clients.

Résultat : une queue d'environ une heure pour retrouver sa deuxième peau. « Les gens étaient tellement en maudit qu'ils tentaient d'entrer de force dans le vestiaire », raconte une spectatrice. Les moins chanceux sont repartis avec quelques vêtements en moins. « Le staff du vestiaire a jamais retrouvé mon coat. Pas question de rester pris à Laval après fermeture métro. Retour à Mtl en gilet avec pas de tuque », a tweeté Fred Côté à la fin du concert.

QU'EST-CE QUE VOUS AVEZ DIT ?

Les trois interruptions sonores lors du concert de The Killers, samedi, n'étaient pas les premiers imbroglios techniques vécus à la Place Bell. En septembre dernier, le son a flanché dès la première chanson du premier concert présenté dans l'amphithéâtre, alors que Megadeth faisait rugir ses guitares en première partie du groupe hard rock allemand Scorpions. En octobre, c'était au tour du public réuni pour la journée de motivation Soyons la solution, organisée par l'animatrice Chantal Lacroix, de pester contre la sonorisation. « Il y a eu des problèmes épouvantables, dit Chantal Côté, qui était présente. Tout le monde passait son temps à crier qu'il n'entendait rien. Les conférenciers étaient tous mal à l'aise. » 

UNE RÉPUTATION À PARFAIRE

À la suite de sa prestation à la Place Bell, le groupe américain The Killers a tweeté une phrase simple, mais assassine : « La foule était électrisée, mais le lieu ne l'était pas. » Est-ce que le mot pourrait se passer parmi les artistes internationaux, que les salles s'arrachent ? Difficile à dire.

Une queue d'environ une heure s'est formée au vestiaire de la Place Bell à la fin du concert du groupe de dance-punk américain LCD Soundsystem, comme le montre cette photo publiée sur Twitter par un spectateur, Fred Côté.

L'équipe de LCD Soundsystem n'a pas voulu commenter son expérience lavalloise. Maryse Fortin Dupuis, productrice déléguée du spectacle La Pat'Patrouille, s'est aussi montrée prudente. « On a eu des commentaires sur le stationnement, et on a dirigé les plaintes vers evenko. » Le conseiller municipal de Fabreville Claude Larochelle, du Parti Laval, redoute l'impact à long terme des commentaires négatifs, qu'il impute au laxisme de l'administration Demers. « On n'a jamais une deuxième chance de faire une bonne première impression, regrette l'élu de l'opposition. Les Lavallois ont investi près de 200 millions, et les seuls revenus qu'ils peuvent attendre viennent de la vente de billets. » L'équipe du maire de Laval n'a pas rappelé La Presse.

LA COMMUNICATION 

La gestion de crise d'evenko à la suite du concert de The Killers a mis de l'huile sur le feu, selon de nombreux internautes. Les excuses laconiques du gestionnaire publiées sur Facebook et son courriel de réponse automatisé ont alimenté la grogne plutôt que de la contenir. Les commentaires tournent en dérision le fait qu'evenko plaide « le bien-être et la sécurité de tous » pour justifier la longue attente de samedi par un temps glacial. Le promoteur affirme par ailleurs avoir entrepris des actions concrètes pour corriger le tir. Lesquelles ? Impossible de le savoir. La Presse tente sans succès d'obtenir des explications d'evenko depuis samedi soir.

DIFFICILE DE SORTIR

« J'ai assisté à au moins cinq événements à la Place Bell, raconte Normand Boisjoly. Malgré un billet de stationnement prépayé, j'ai dû me taper des files d'attente de voitures interminables, peu importe les quatre approches que j'ai tentées. » Par ailleurs, la police de Laval confirme avoir reçu un appel d'urgence, le 4 janvier à 17 h 02, pour une alerte de monoxyde de carbone dans le stationnement souterrain après l'une des représentations de La Pat'Patrouille. « Nous avons aidé à déplacer les véhicules plus rapidement, explique la porte-parole Évelyne Boudreau. Les responsables ont ajusté la ventilation et la situation est revenue à la normale. » La procédure devait être ajustée hier soir pour le match du Rocket. Les automobilistes paieront dorénavant le stationnement à l'entrée, ce qui permettra d'éliminer les barrières - et les quelque 10 secondes d'attente par véhicule - à la sortie.