Il y a des artistes qui viennent jouer à New York avec quelques valises et leurs instruments. Gregory Charles, lui, débarque avec son propre théâtre et plus de 50 remorques! La Presse a rencontré l'équipe responsable d'ériger son QUBE et de donner forme à son projet un peu fou.

«Les choses se sont accélérées l'été dernier, mais cela fait déjà plusieurs années que l'on travaille à ce projet, notamment pour trouver un site convenable à New York», précise Mélanie Reeves, fidèle collaboratrice de Gregory Charles.

Vêtue de noir et portant des chaussures de sécurité rouges agencées à son bonnet, elle est responsable de la production du spectacle Vintage Live dans la Grosse Pomme.

En cette deuxième journée de montage, le mardi 17 mars dernier, il faut avoir passablement d'imagination pour croire que, dans quelques jours, un théâtre complet, avec scène, tables, chaises et tapis rouge, existera sur le quai 97 de la rivière Hudson, à New York.

Pour l'instant, l'embryon de projet se résume à d'énormes blocs de béton empilés les uns sur les autres, quelques piliers toujours couchés sur le sol et une dizaine de travailleurs, dont plusieurs Québécois.

Un quai sans électricité

Trouver un terrain prêt à recevoir le théâtre mobile de Gregory Charles à New York pour un mois a demandé patience et effort. «On a envisagé des endroits qui ne convenaient pas avant de finalement trouver ce lieu», précise André Ducas, également responsable de la réalisation du projet.

Appartenant au Hudson River Park Trust, le quai 97, situé à la hauteur de la 57e Rue, est géré par le promoteur événementiel Live Nation. Ce dernier y organise régulièrement des concerts et des événements, de mai à septembre. «On leur a proposé d'occuper l'espace pendant le mois d'avril, ce qui leur permet d'allonger la saison d'un mois», souligne André Ducas.

Le hic? Le quai n'est guère plus qu'une dalle de béton sur des piliers baignant dans la rivière Hudson. Il n'offre ni électricité ni eau potable. André Ducas, Mélanie Reeves et leur équipe ont donc dû tout improviser. Une petite armée de menuisiers, de plombiers et d'électriciens a dû réaménager totalement le site.

Au fond du quai, on pouvait d'ailleurs déjà apercevoir, le 17 mars, de gigantesques génératrices qui ont été importées du Québec pour l'occasion.

Un nombre limité d'options

À voir l'ampleur de la tâche, il y a de quoi se demander pourquoi Gregory Charles se donne autant de mal pour importer son théâtre mobile au lieu de simplement louer une salle.

«Il n'y a pas de façon de louer "simplement" une salle à New York, rétorque André Ducas. Tout le monde veut jouer à New York, et c'est quasiment impossible de trouver une salle pour un mois à un prix raisonnable... C'est sûr que le projet coûte très cher, mais si on est là, c'est qu'il y a un avantage», précise cet ancien du Cirque du Soleil et de Spectra.

Si l'entourage de Gregory Charles refuse de donner le prix de l'opération, André Ducas admet que l'on parle de centaines de milliers de dollars.

Comme au Québec, le chanteur québécois va présenter à New ork une version de son spectacle Vintage. Ici aussi, les spectateurs vont pouvoir interagir et faire des demandes musicales à Gregory Charles à l'aide de leur téléphone intelligent.

En plus d'accueillir une vingtaine de représentations de Vintage Live du 1er avril au 2 mai, le théâtre QUBE doit présenter le spectacle en anglais de Rachid Badouri (14 avril) et une performance de Roch Voisine (21 avril).

«Gregory a envie de partager son projet avec d'autres artistes», précise Mélanie Reeves. Compte-t-il se mettre à sous-louer son théâtre à l'avenir? Impossible de le savoir. «Ce qui compte pour l'instant, c'est que cette première expérience à New York soit un succès», confie-t-elle avant de retourner à la construction de son «immense jeu de Meccano».