Bruno Bouchard, que l'on connaît grâce à ses performances singulières dans L'orchestre d'hommes-orchestres - avec ses cabarets consacrés à Kurt Weill et Tom Waits -, nous propose cette fois une installation musicale et visuelle inspirée du célèbre parc d'attractions qui a fait la joie de Coney Island : Dreamland.

Bruno Bouchard se qualifie lui-même de «patenteux» passionné d'objets transformés. Ce nouveau projet musical, il l'a conçu avec ses amis du Théâtre Rude Ingénierie, Pascal Robitaille et Philippe Lessard-Drolet.

«C'est un travail d'ingénierie brut qui est né du désir de réunir des sculptures musicales, explique Bruno Bouchard. Au fond, ces "sculptures", ce sont des machines construites à partir d'objets récupérés.»

Il y aura par exemple des verres à vin placés sur des tourne-disques de manière à ce qu'ils produisent des notes. Ces sons seront enregistrés, puis remixés avec d'autres sons qui proviendront d'autres machines, mais aussi avec des voix.

«On a créé des machines plus mélodiques, plus percussives, rythmiques aussi. C'est comme un gros beat box, mais mécanique. Il n'y a rien de virtuel, insiste-t-il. C'est une performance audiovisuelle créée devant public.»

Les quelque 30 machines musicales seront disposées sur une longue table au centre de la scène. Le public pourra déambuler autour, afin d'en apprécier la valeur. Des écrans projetteront d'ailleurs en temps réel l'action des machines.

La disposition des machines donne l'impression d'une maquette de cité, une façon d'évoquer le célèbre parc d'attractions de Coney Island, qui a fait les beaux jours de New York au début du siècle dernier.

«On ne sait pas trop si c'est un parc d'attractions ou une cité contemporaine. On ne sait pas non plus si c'est une ville en déconstruction ou en développement. C'est un petit peu chaotique. C'est un mélange de nostalgie et de regard sur le futur.»

Selon Bruno Bouchard, Dreamland est une réflexion sur l'architecture moderne.

«À l'époque, on disait de Coney Island que c'était le Playground of the World. C'était un lieu inventé qui a complètement redéfini notre habitat. Ç'a été un laboratoire où on a étudié les architectures et les compositions des villes du futur. Des spécialistes ont déjà dit qu'avant les gratte-ciel de Manhattan, il y avait Coney Island!»

C'est ce regard sur cet espace commun que Bruno Bouchard veut poser dans Dreamland.

Six performeurs participeront à cette installation musicale et visuelle insolite. «J'aime bien parler d'un orchestre multidisciplinaire où le dialogue a lieu entre les disciplines elles-mêmes plutôt qu'entre les performeurs. Le son dialogue avec la vidéo, qui dialogue avec l'installation, etc.»

Jusqu'au 7 février à l'Usine C dans le cadre du festival Temps d'images

Un parc à Coney Island

Dreamland est le nom d'un des nombreux parcs d'attractions qui ont fait la gloire de Coney Island, à Brooklyn, New York, au début du siècle dernier. Dans cette île devenue péninsule, il y avait des montagnes russes, des gondoles et un village de Lilliputiens. Les premiers cirques ambulants y ont aussi planté leurs chapiteaux. En 1911, les ampoules électriques disposées sur l'ensemble des bâtiments historiques de la ville ont explosé, entraînant la fermeture progressive du parc. Le lieu est aujourd'hui occupé par l'Aquarium de New York.