Quelques jours avant la première d'Odysséo, à l'automne de 2011, le directeur équestre Benjamin Aillaud avait lancé aux médias ce que d'aucuns avait pris pour une boutade: «Les chevaux ont achevé l'éducation des hommes. Nous pouvons commencer...»

Depuis, la deuxième production de l'entreprise Cavalia a monté son immense chapiteau à Atlanta, Miami et Toronto, à Monterey, au Mexique, et à Phoenix, dans le désert de l'Arizona.

Lundi, les 60 chevaux d'Odysséo reviennent à Laval où la troupe reprend ses quartiers à la veille de la nouvelle série de représentations, qui commence la semaine prochaine à l'intersection de l'autoroute du Nord et du boulevard du Souvenir.

Comment le spectacle a-t-il évolué depuis octobre 2011, avons-nous demandé à Benjamin Aillaud, joint mercredi à Toulouse, où il goûtait ses derniers jours de congé?

«Des chevaux se sont ajoutés et nous avons revu plusieurs enchaînements pour ajouter au caractère dynamique du spectacle», nous a dit Aillaud, un ancien champion de compétition équestre qui a choisi le spectacle. «Nous avons aussi ajouté un medley de numéros dans l'eau, de sorte que le nouveau final se déroule désormais dans l'eau.»

La scène d'Odysséo est dotée d'un système de pompage qui, sur commande, fait apparaître ou disparaître ce lac où évoluent des chevaux en liberté, des chevaux montés et des acrobates. Unique.

La cavalerie, selon le patron, est en bonne santé physique et mentale. Même chose pour la troupe de quelque 50 cavaliers et acrobates qui, bien que vivant les mêmes bonheurs et misères que tout le monde, garde un net avantage au plan de la cohésion.

«Un spectacle comme Odysséo demande un investissement total et un effort constant de la part des participants», dira d'abord l'écuyer toulousain, un homme de patience, qualité primordiale du horseman. «Notre travail collectif est basé sur la gentillesse, l'ouverture et le partage, tant entre les hommes qu'entre les hommes et les chevaux.»

À Cavalia, le soin des chevaux est une responsabilité collective: il n'y a pas «mon cheval», il y a «les chevaux», dont le bien-être est l'affaire de tout le monde, même si certains membres de la troupe sont assignés à des tâches spécifiques comme la nourriture, le pansage et la préparation au travail des bêtes.

Cette responsabilité, quotidienne, constante, a préséance sur toute autre considération personnelle ou collective. Une source de grande satisfaction pour Benjamin Aillaud: «La troupe regroupe 17 nationalités et à peu près toutes les religions du monde: nous avons là tous les éléments pour faire une bombe, mais il n'y a jamais de problème parce que les chevaux nous obligent au partage.»

Et, par ailleurs, qu'a découvert le Français du Sud dans son périple nord-américain?

«Une grande facilité d'entreprendre, de concevoir et de réaliser un projet. En Europe, les choses se compliquent pour un rien. Ici, tout est plus simple.»

Quant au Mexique, Benjamin Aillaud y a vu beaucoup de peur et de souffrance à cause de tous les problèmes sociaux - guerre de gangs, corruption policière - qui touchent cette partie méconnue de l'Amérique du Nord.

Le cavalier d'Odysséo y a aussi noté beaucoup d'amour pour les chevaux: «Les Mexicains ont une façon plus discrète que les Québécois d'exprimer leur plaisir. Ils explosent à la fin, mais pendant le spectacle, pas de cris ni d'applaudissements. Comme s'ils ne voulaient pas déranger les chevaux...»

Et voilà les pur-sang espagnols et les belges de retour au pays des tabarnacos où ils seront encore applaudis comme ils le méritent. Créatures d'habitudes, ils verront que rien n'a beaucoup changé ici depuis un an et demi. À part quelques maires.