Plus de 45 000 spectateurs ont applaudi, cet été, Chantons sous la pluie, sa vingtième mise en scène en carrière, et à 81 ans, Denise Filiatrault est toujours à la recherche de nouveaux projets auxquels elle pourrait redonner vie sur scène.

La grande dame du théâtre québécois se réjouit du succès de sa plus récente production qui sera en supplémentaire jusqu'au 8 septembre au Théâtre St-Denis avant de partir en tournée en 2013.

«On ne partira pas avant le printemps ou l'été prochain pour des raisons de droits qui avaient été retenus jusqu'en décembre. Il semble qu'ils aient été vendus à Londres ou New York à quelqu'un d'autre; Juste pour rire est en discussion avec eux», explique Denise Filiatrault.

Pour la metteure en scène, le secret de la popularité de Chantons sous la pluie est en grande partie dû à sa distribution et aux grandioses numéros de claquettes exécutés par 22 personnes sur scène.

«On a tous des défauts dans nos mises en scène, mais aussi des qualités. La mienne, je crois, est d'avoir choisi la bonne distribution. Je prends souvent des gens moins connus comme Marilou Morin qui joue le rôle-titre dans Chantons sous la pluie, car ils m'accrochent en audition. Si le talent est là, qu'ils soient connus ou pas, je demande au producteur de les avoir», dit-elle.

Si certains vont à New York pour leur garde-robe, Denise Filiatrault, elle, s'y rend pour dénicher de nouveaux spectacles. C'est ce qu'elle a fait la semaine dernière le temps d'un long week-end avec Gibert Rozon.

«J'ai vu Evita, avec Ricky Martin sur scène. J'ai aussi assisté à One Man, Two Guvnors, une adaptation d'Arlequin valet de deux maîtres, de Carlo Goldoni, dont Gilbert Rozon a les droits», explique Denise Filiatrault qui envisage d'adapter cette oeuvre au Québec avec le président de Juste pour rire.

Directrice artistique du Théâtre du Rideau Vert, Denise Filiatrault y signera la mise en scène, en mai prochain, de L'amour, la mort et le prêt-à-porter, une pièce de Nora et Delia Ephron mettant en vedette six comédiennes et 25 personnages. «Ça ressemble un peu aux Monologues du vagin: six bonnes femmes assises sur des tabourets qui parlent de leur jeunesse, leurs amours, leurs maladies, etc.» explique-t-elle.

Sa confession sur le divan

«Travailler avec Xavier Dolan, pour Laurence Anyways, a été tellement extraordinaire: il a toutes les qualités, cet enfant-là. Mais je n'aime pas me voir au cinéma, surtout que je n'étais pas bien éclairée, mais c'était voulu au montage. Je retravaillerais avec lui, tout dépendant des projets. Il m'a sollicitée pour son prochain film, mais je n'ai pas encore lu le scénario.»

Si vous étiez une personnalité qui a marqué l'histoire?

Marie Tudor. C'était une femme de tête, mais elle l'a perdue trop vite.

Dans quel roman aimeriez-vous vivre?

Dans un des romans de la comtesse de Ségur. C'est une de mes premières lectures. J'étais emballée par le personnage de Sophie dans Les petites filles modèles.

Qui serait l'invité d'honneur au souper de vos rêves?

Sûrement George Balanchine, car c'est un grand chorégraphe de ballet classique pour qui j'avais beaucoup d'admiration, et Louis XIV.

Quels étaient votre premier disque et votre premier livre?

Mon premier livre était Les petites filles modèles, je devais avoir 8 ou 9 ans. Puis, ça a été Bonheur d'occasion de Gabrielle Roy. Mon premier disque était d'Alys Robi. J'avais 14 ans et j'étais toute fière.

Quelle est votre citation favorite?

«Honni, soit qui mal y pense». C'est une citation que mon père me rappelait toujours. À quoi sert l'univers si on perd son âme? Ça m'a beaucoup marquée.

Si vous ne pouviez plus pratiquer votre métier, quelle profession feriez-vous?

De la politique. Mais on me dit toujours: «Tu n'es pas assez subtile pour faire de la politique», alors ça ne marcherait pas!

À quoi êtes-vous accro?

Au sucre. Surtout aux chocolats pralinés.

Quelle est votre plus mauvaise habitude?

Ça, j'en ai plusieurs! De ne pas toujours savoir écouter. Quand quelqu'un me parle et que je sais d'avance ce qu'il va me dire, je pars loin dans ma tête, ailleurs. Ça m'ennuie d'entendre les choses mille fois. Ce n'est pas parce que je suis plus fine ou intelligente, mais parce que je suis plus vieille!

Quel est votre rêve le plus fou?

Je ne rêve plus depuis longtemps. Je ne les ai pas tous accomplis, mais je me suis rendu compte assez tôt qu'il est permis de rêver, mais pas trop, car on se réveille trop durement.