Le Centre Bell accueille du 16 au 19 août Dragon, Live et Spectaculaire, un spectacle pour la famille inspiré du dessin animé How To Train Your Dragon. Tout y est en format géant: la scène, les effets spéciaux, le décor en animation et surtout les dragons, qui s'élèvent dans le ciel et crachent du feu. Petite visite dans les coulisses, où l'aspect technique n'est pas le moindre intérêt.

Worcester, Massachusetts. À notre arrivée sur la scène qui occupe les deux tiers de la patinoire du DCU Center de Worcester, on est d'abord frappé par la beauté et par la taille des marionnettes géantes. Au total, on compte 23 dragons, dont six gros spécimens robotisés de 7 à 15 mètres de long.

Ensuite, c'est le système de rails sophistiqué installé au plafond qui attire le regard. Le maire de Worcester, près de Boston, où le spectacle aura lieu quelques heures plus tard, remet les clés de sa ville aux comédiens sous les yeux des enfants d'un camp de jour, en visite dans les coulisses. «Qui veut être croqué?», demande le dignitaire, tandis qu'une énorme bête fumante lui souffle dans le cou. Des mains s'élèvent. «Moi! Moi!»

Quelques bulles égarées tombent du plafond. Elles serviront dans une scène sous-marine. Des Vikings portant armure, peaux de bête et casque à cornes, s'amusent à impressionner les visiteurs en roulant des épaules. Les drakkars blancs qu'ils brandiront pour simuler une flotte de navires sont rangés un peu partout.

Pilote de dragon

Le chef de l'équipe de marionnettistes, Gavin Sainsbury, n'aurait jamais pu s'imaginer quand il était enfant qu'il piloterait un jour à distance des dragons géants. Son préféré? Le Gronk. «Il est presque fou, aussi adorable qu'un petit chiot. Parfois il est en colère, parfois il fait des bêtises.»

Trois à quatre marionnettistes sont nécessaires pour faire fonctionner ces énormes bêtes qui pèsent chacune plus d'une tonne et demie. L'un d'eux, caché dans une plateforme, fait avancer, reculer et tourner l'appareil. À l'aide d'un casque d'écoute, il est en contact permanent avec le reste de l'équipe, juché dans les gradins, face à la scène.

De là, Gavin Sainsbury, Amanda Maddock et leurs collègues contrôlent les expressions faciales, les ailes et les mouvements de la colonne vertébrale à l'aide d'un joystick rappelant celui des jeux vidéos. Ce sont des marionnettistes vaudous (voodoo puppeteer), qui dirigent les dragons comme s'ils piquaient des aiguilles dans une poupée. Les déplacements sont très chorégraphiés. Il suffirait d'un coup de queue mal placé pour blesser les acteurs, qui doivent prendre garde à ne pas trop s'approcher de la plateforme.

Sur les claviers du «vaudou auxiliaire», chaque note correspond à un cri: content, curieux, souffrant, très très en colère... Un étage plus haut, les techniciens déclenchent les flammes, qui viennent par moments chauffer les joues des spectateurs. Plus bas, d'autres techniciens projettent des animations sur une surface de 20 000 pi2, un décor mouvant qui donne l'illusion de voyager dans le ciel ou de plonger dans la mer.

«C'est un peu le rock'n roll du théâtre de marionnettes!», reconnaît Amanda Maddock. La plus belle réussite, c'est quand on arrive à faire oublier la technologie, «quand on arrive à créer une interaction réelle entre les dragons et les acteurs», estime-t-elle. Pour donner vie au dragon, pour lui insuffler naturel et souplesse, il aura fallu trois à quatre mois d'entraînement aux techniciens. Leur conception, elle, aura pris deux ans aux ingénieurs de la firme australienne Global Creatures, qui s'est fait connaître avec les bêtes robotisées de La Marche des dinosaures.

Courir sur les murs

Pour arriver à rivaliser avec les dragons, les acteurs acrobates déploient une quantité d'énergie considérable. Ils jouent, courent, dansent, sautent, se battent. On comprend que les quatre acteurs qui se partagent les deux rôles principaux ne jouent qu'un soir sur deux. «Nos rôles demandent une grande variété d'habiletés qu'il a fallu développer pendant l'entraînement», note l'Australien Rarmian Newton, un des deux Harold. «Il y a plusieurs acrobaties dans les airs. Et on a même développé une nouvelle discipline, la course sur le mur!», ajoute Gemma Nguyen, qui incarne Astrid.

Suspendu à un câble devant un décor en animation, Harold s'élève, chute, remonte, est poussé par le vent, se protège des flammes. La vingtaine d'acteurs-acrobates ont des profils différents. Gemma a été six fois championne du monde de taekwondo. Rarmian Newton a une formation de danseur. Les Français Godefroy Ryckewaert et Julien Ribaud incarnaient des légionnaires romains au parc Astérix quand ils ont été recrutés pour des rôles de jeunes Vikings. Champion de kung-fu, Godefroy est passé par une école de cascadeurs. Julien Briaud, Français lui aussi, est d'abord danseur de breakdance et de hip-hop.

Qu'est-ce que ça fait de jouer avec de si gros dragons? «Ils paraissent tellement vivants que parfois, on n'a même pas besoin de faire croire qu'on a peur... Au tout début, on a vraiment peur! Même si on sait qu'il y a des gens qui les contrôlent», raconte Godefroy Ryckewaert. «La première fois que j'ai rencontré les dragons, c'était lors d'un événement médiatique. J'ai simplement crié en les voyant!», se souvient Gemma Nguyen. Ils ont l'air calmes, comme ça, et tout à coup, sans avertissement, ils se retournent et prennent vie.

Dragon, Live et Spectaculaire. 16 au 19 août. Centre Bell.