Mike Ward présente les 17 et 18 novembre au Théâtre Saint-Denis le deuxième one man show de sa carrière, un spectacle «16 ans et «» aussi cru et sans limites verbales que le premier. Mais dans Mike Ward s'eXpose, l'humoriste de 37 ans passe aussi des messages sur la vie, la liberté, la guerre et les droits humains. Vulgaire, oui. Stupide, non.

Ne demandez pas à Mike Ward de changer. Il a un style vert, gaillard, grossier, vulgaire, méchant. Mettez-en! Il l'assume totalement. «Quand je vois Eddie Murphy, comme il s'est adouci avec l'amélioration de sa condition financière, ça, ce n'est pas moi, dit Mike Ward. Moi, je ne veux pas me ramollir, même si je vis en banlieue et que je suis plutôt mou dans ma vie personnelle!»

Mike Ward fait de l'humour depuis 1993 et de la télé depuis 2002, mais il n'abuse pas de la scène. Son premier one man show, Haïssable, date de 2006. Depuis, il avait écrit pour plus d'une heure de spectacle, mais il n'avait pas le goût de remonter sur les planches. Il a fallu qu'il soit invité en 2009 par l'armée pour aller se produire devant les soldats canadiens au camp Nathan Smith de Kandahar, en Afghanistan, pour qu'il retrouve la piqûre.

«Je suis resté 17 jours là-bas et j'ai écrit le premier jet du spectacle - 45 pages - pendant les 18 heures de vol entre le Moyen-Orient et Ottawa. Je ne parle de l'Afghanistan que durant trois minutes, mais ça m'a inspiré. Quand j'ai vu que quasiment seuls les chefs religieux savent lire dans ce pays, ça m'a rappelé que ç'a été aussi le cas au Québec.»

Mike Ward a été marqué par ce voyage. «J'ai trouvé ça ben bizarre, dit-il. J'avais l'impression d'être en 1428. En tout cas, on n'a rien à faire là-bas à moins de vouloir y rester 60 ans. Ça fait des décennies qu'ils sont en guerre, ça va être la même chose quand les soldats canadiens vont partir.»

Durant ce spectacle qu'il a rodé une trentaine de fois, Mike Ward, l'air de rien, passe ses messages, parle d'adoption (un projet qu'il a avec sa blonde), de son expérience avec la petite pilule bleue des chambres à coucher, et de mille affaires plus osées les unes que les autres. «Si les gens qui viennent me voir pensent qu'ils vont voir Rachid Badouri, ils vont haïr le show. Ils doivent savoir que je pousse les affaires assez loin.»

Durant le spectacle, Mike Ward en profite pour varloper pas mal de monde, notamment «les intouchables du showbiz québécois» et ses propres collègues de l'humour. «Je vais les inviter à la première, je ne veux pas qu'ils pensent que je parle dans leur dos! C'est la partie qui a été la plus longue à écrire parce qu'il fallait trouver la limite de ce que le public est prêt à entendre. Je voulais que ça soit méchant, mais pas chien. J'aime l'idée du bien-cuit. Même quand on rit de moi. Et je suis souvent plus méchant avec mes amis qu'avec des gens que je ne connais pas. Mais bon, quand on nomme le monde, c'est plus délicat. Je cherche le trouble inutilement!»

C'est François Avard, un de ses profs à l'École de l'humour, qui s'est occupé du script. «À l'école, on me disait que j'allais trop loin. Sauf lui. Il aime ce genre d'humour et n'a pas peur de pousser loin. Mais il est capable de saisir la limite entre de la qualité et de la marde

Pour la mise en scène, il a fait appel à Daniel Fortin. «Je voulais un show qui fasse show de rock'n'roll. Daniel Fortin m'a donné plein d'idées, m'a appris à bouger et le décor est trippant, avec des lumières qui bougent sur une grosse structure en métal et des couleurs qui s'adaptent aux numéros. J'ai des frissons quand ça commence.»

Depuis qu'il rode son spectacle, il a eu des critiques pas toujours positives. Il les considère avec un grain de sel. «Mon humour, c'est vulgaire, assumé et expliqué en début de show, dit-il. Je n'épargne personne. C'est gratuit, mais ce n'est pas de la haine. J'aime écoeurer le monde, c'est tout. Et je pense qu'au Québec, on peut s'en permettre plus qu'avant.»

Mike Ward s'eXpose, au Théâtre Saint-Denis, les 17 et 18 novembre, à 20h.