Le premier acte est terminé et vous avez le gosier sec. Après avoir fait la file pendant de longues minutes pour sortir de la salle, vous réalisez qu'il y a foule devant le bar.

Le temps de commander et de payer, il ne vous reste que trois minutes pour caler votre chardonnay et retrouver votre siège avant le début du deuxième acte. Et vous n'êtes toujours pas allé aux toilettes.

Beaucoup de spectateurs qui aiment prendre un verre durant l'entracte sont confrontés à ce problème. Mais le plus important producteur de théâtre au Canada a peut-être trouvé la solution en permettant la consommation d'alcool dans la salle durant certains spectacles.

Mirvish Productions le fait surtout pour les comédies musicales, dont La mélodie du bonheur et Un violon sur le toit, qui quitteront l'affiche le 10 janvier. L'entreprise laissera aussi le public consommer de l'alcool durant les représentations de My Mother's Lesbian Jewish Wiccan Wedding, qui se terminent le 3 janvier et reprendront le 26 février, et celles de Rock of Ages, dont la première aura lieu le 20 avril.

La première fois que Mirvish Productions a permis aux spectateurs de prendre un verre bien assis sur leur siège, c'était durant We Will Rock You, pièce inspirée du groupe Queen, il y a quelques années.

«Nous ne le faisons pas pour faire du profit, mais pour accommoder les gens», affirme John Karastamatis, porte-parole de Mirvish Productions.

Cette décision marque également un retour aux origines du théâtre, ajoute M. Karastamatis, puisque les amateurs de théâtre de la Grèce antique et de l'Angleterre de Shakespeare levaient souvent le coude durant les représentations. L'alcool est aussi permis dans les salles du quartier West End de Londres et durant certains spectacles sur Broadway. En Europe, les opéras permettent aux gens dans les loges de boire et de manger.

«Alors cette idée que le théâtre est un lieu où on ne fait rien d'autre que s'asseoir sur un siège et regarder ce qui se passe sur la scène est une convention du XXe siècle et une convention nord-américaine du XXe siècle», soutient le porte-parole.

M. Karastamatis souligne qu'il n'y a pas eu de dégâts majeurs jusqu'à présent et que les équipes d'entretien sont toujours prêtes à intervenir si nécessaire. Et aucun spectateur n'a dépassé les bornes.

«Il n'y a pas eu de cas d'abus», assure-t-il. «De toute façon, si vous voulez boire, vous n'allez pas au théâtre. Vous allez dans un bar ou vous restez à la maison.»