Les Allard et les Bergeron, deux couples aux antipodes, se rencontrent pour un souper hivernal dont le thème sera le mariage prochain de leurs enfants. Dehors, il fait un temps de chien. Et plus la soirée progresse, plus la météo est ravageuse: une tempête de glace forcera les quatre nouveaux amis à faire plus ample connaissance. Vous l'aurez deviné: l'humoriste Daniel Lemire s'est inspiré de la fameuse crise du verglas de 1998 pour écrire Clash, qui marque son baptême de l'écriture théâtrale.

«J'ai eu l'idée de Clash à l'époque du verglas: ça m'avait fasciné que des gens qui n'ont rien en commun soient forcés de cohabiter», raconte Daniel Lemire, que je rencontre avec Pierre Lebeau.

 

L'humoriste et le comédien, malgré leurs parcours différents - l'un a surtout fait du stand-up, l'autre a mis son talent d'acteur autant à la contribution des Boys qu'au théâtre de Denis Marleau - partagent le même humour stoïque.

«Daniel et moi nous sommes croisés très souvent, dans les 20 dernières années. On se connaît sans se connaître!» confie Pierre Lebeau, qui signe la mise en scène de Clash et tiendra le rôle d'un directeur d'école timoré.

Si Daniel Lemire a fait appel à Lebeau pour monter cette pièce, présentée cet été à la salle André-Mathieu de Laval, c'est parce qu'il avait l'intuition que le comédien allait y apporter quelque chose de «hors norme».

«C'est comme si Marcel Dubé avait écrit une comédie extraordinaire», témoigne Pierre Lebeau, qui souligne que le genre comique oblige les acteurs à travailler dans la vérité.

Les uns, contre les autres...

Les personnages imaginés par Daniel Lemire révèlent des travers contrastés, quoique résolument contemporains. M. Allard (Lebeau) est un homme coincé qui ne rêve que de tranquillité, tandis que sa femme (Dominique Pétin) est une grano contrôlante qui travaille à l'impôt. Dans le camp Bergeron, il y a un mari arrogant, matérialiste et agent d'immeuble (Sylvain Marcel) et sa femme accro aux antidépresseurs et alcoolique (Geneviève Rioux).

«La psychologie des personnages est très importante dans cette pièce», indique Pierre Lebeau, qui a appris énormément de son travail auprès de Denis Marleau. «Mon expérience avec le théâtre Ubu m'a fait comprendre que le plus important, au théâtre, est de transmettre la pensée de l'auteur.»

Prisonniers d'une maison des Laurentides privée d'électricité, les Bergeron et Allard ne vivront pas cette épreuve sans heurts. Des conflits vont naître entre ces deux couples dépareillés. «La pièce gravite autour de la difficulté de cohabiter; chacun des personnages va vivre cet événement à sa façon», révèle le metteur en scène.

Confrontés à eux-mêmes

Pour sa première percée au théâtre, Daniel Lemire a créé des dialogues entre des personnages ayant des points de vue opposés sur des préoccupations aussi universelles que l'environnement, la politique fédérale, le capitalisme sauvage... «Nous vivons dans un monde où les gens sont constamment branchés sur quelque chose. Aussitôt qu'on se retrouve seul, on prend notre portable pour appeler quelqu'un. Confrontés à eux-mêmes, par la panne d'électricité, les personnages de Clash sont obligés d'aller à l'essentiel», souligne Daniel Lemire.

Les fans de Lemire retrouveront le ton humoristique bien typique du père d'Oncle Georges, mais l'humoriste s'est aventuré dans des zones plus réalistes et moins caricaturales. «Ce sont des gens qui pourraient exister réellement. On n'est pas du tout dans le slapstick, même si on reste dans le genre comique.»

De l'humour qui fait Clash, donc, pour une pièce d'été en terrain «verglaçant».

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Clash, texte de Daniel Lemire, mise en scène de Pierre Lebeau, du 5 juillet au 15 septembre, à la salle André-Mathieu de Laval.