Créé en 1947 par Judith Malina et Julian Beck, le Living Theatre compte parmi les plus anciennes et célèbres compagnies théâtrales indépendantes aux États-Unis. Les 13 et 14 mai, le Festival de théâtre anarchiste de Montréal présente un collage de créations anciennes et récentes de cette compagnie vouée à la cause de «l'anarchie non violente».

Je retrouve Judith Malina au bout du fil, à son domicile new-yorkais. À 80 ans passés, cette femme de théâtre, fille d'un rabbin juif allemand orthodoxe, entretient encore la flamme. Celle du théâtre. De sa croisade pour l'anarchie non violente. De la cause des démunis, des paumés, des exclus...

 

«Oui, notre idée d'anarchie non violente est encore bien vivante dans la communauté théâtrale new-yorkaise», juge celle qui poursuit son travail artistique pour un monde sans violence, sans prison, sans guerre, sans frontière et sans argent.

«Notre philosophie a évolué», concède Malina, qui trouve la jeune génération beaucoup mieux avisée que ses congénères l'étaient pendant les heures de gloire du Living Theatre.

«Les jeunes comprennent mieux les enjeux planétaires et sortent dans la rue pour protester. Cela me donne beaucoup d'espoir et d'optimisme», dit la dame, qui est toujours active à la direction artistique de son théâtre, logé dans le Lower Manhattan.

Le début d'un temps nouveau

Au Festival anarchiste, le Living Theatre présentera un collage représentatif de son répertoire depuis sa fondation, en 1947. Judith Malina a, entre autres, sélectionné des scènes de l'Antigone de Bertolt Brecht et d'Eureka!, l'une des plus récentes productions du Living Theatre.

Depuis 60 ans, le Living Theatre a évolué avec son temps. Judith Malina a été de toutes les manifestations antiguerre, a été nommée Humaniste de l'année par l'église humaniste de New York, a publié de la poésie, enseigné à Columbia et n'a jamais quitté le camp des radicaux. Encore aujourd'hui, elle parcourt le monde pour subvenir aux besoins financiers de son théâtre. «Parce que nous ne recevons rien de l'État.»

Même si, en sa qualité d'anarchiste, elle se méfie des solutions politiques, elle se réjouit de l'élection d'Obama. «Je pense qu'il était le meilleur homme pour le job.»

Les préoccupations du Living Theatre, poursuit Judith Malina, penchent désormais du côté des enjeux psychologiques et écologiques. «Nous vivons dans un monde qui doit être réparé. Il faut apprendre à mieux savoir qui nous sommes et quelles sont nos responsabilités. Je rêve aussi d'un monde où il y aurait moins de compétition, de colère et de haine.»

Le Festival de théâtre anarchiste aura lieu à la salle D.B. Clarke de l'Université Concordia, les 13 et 14 mai. Info: 514-981-5330 ou www.myspace.com/anarchisttheatre_montreal