Les Fêtes, c'est sur scène que ça se passe pour Éric Lapointe. Avec le plus de monde possible. Pour sa neuvième tournée du temps des Fêtes, le rockeur a notamment rassemblé des habitués comme Paul Piché et Martin Deschamps et des petites nouvelles comme Marie-Mai et Suzie Villeneuve. Leur objectif ultime: brasser le Centre Bell pour mieux défoncer l'année.

Il y a une dizaine de jours, la gang d'Éric Lapointe était rassemblée dans un local de répétition du quartier Centre-Sud. Jonas, Paul Piché, Martin Deschamps, Hugo Lapointe, Suzie Villeneuve, Marie-Mai et les gars de Loco Locass, tout le monde était là pour donner un avant-goût de leur spectacle aux journalistes et aux caméras de télévision. Lapointe a d'abord entonné Terre promise à la guitare acoustique. Puis, ce fut Bobépine. Énergique. Pesante. Électrique.

 

La force de frappe du groupe mis sur pied par le rockeur ne fait aucun doute. Deux batteries. Six cuivres. Trois guitares, dont la flying V du toujours épatant Steve Hill. «Quatre avec la mienne», précise Éric Lapointe. Quand ils ne se trouvent pas à l'avant scène, Marie-Mai, Suzie Villeneuve et Martin Deschamps font les choeurs. «On a les meilleurs choristes en ville», s'amusent les gars de Loco Locass. «Ce n'est pas tous les jours qu'on peut se permettre un band de même», confirme l'organisateur de la soirée.

La courte tournée du temps des Fêtes avait l'habitude de passer par le Métropolis, ces dernières années. Pour défoncer 2008, l'équipe du rockeur a vu un peu plus grand et accepté la proposition qui lui a été faite de se produire au Théâtre du Centre Bell. «Je trouvais que c'était une idée le fun, dit le rockeur. Ça nous permet d'avoir une plus grande façade de stage. Donc deux drums, six cuivres et d'autres choses que je ne dévoilerai pas. C'est Noël, on est là pour faire des cadeaux...»

Des tubes et des classiques

Les artistes invités par Éric Lapointe ne sont pas là pour «ploguer» leur répertoire. Paul Piché chantera un peu de Paul Piché et Jonas un peu de Jonas, bien sûr, mais la commande est d'abord d'enfiler hits et classiques. Même s'il est, en principe, tenu secret, il n'est pas nécessaire de cuisiner les musiciens très longtemps pour qu'ils dévoilent leur jeu. Ils sont tellement enthousiastes qu'ils ont envie d'en parler.

Marie-Mai révèle qu'elle interprétera I Kissed A Girl en duo avec Suzie Villeneuve. Les deux anciennes académiciennes ne prévoyaient pas passer à l'acte et imiter le célèbre baiser mouillé Britney et Madonna au moment de la répétition. «On n'en a pas encore parlé», assurait Marie-Mai. Un dialogue a visiblement été amorcé puisque la situation a évolué, si on se fie aux échos en provenance de Québec, où le spectacle a été présenté le 23 décembre.

Les gars de Loco Locass, eux, vont profiter du groupe pour faire du rap rock. «On fait une toune qui est à l'origine de la découverte du rap pour le grand public», dit Batlam. Laquelle? Facile: Walk This Way telle que reprise par Aerosmith et Run D.M.C. Loco Locass n'en est pas à sa première participation à la tournée des Fêtes d'Éric Lapointe. Le trio en était en 2004. Chafiik a d'ailleurs une théorie à ce sujet.

«Il nous invite chaque fois que Charest est majoritaire, parce qu'il aime beaucoup l'une de nos chansons qui traduit exactement ce qu'il en pense, lui aussi», suggère-t-il. «Et cette chanson est Spleen et Montréal», ironise Biz, pour détournez l'attention de... Libérez-nous des libéraux. On n'a pas besoin d'aborder Paul Piché pour deviner qu'il va chanter, avec le Centre Bell au complet: «c't'aujourd'hui, le jour de l'An...»

Une année charnière

Avec le spectacle de ce soir, Éric Lapointe ne met pas seulement le point final à sa tournée du temps des Fêtes, il tourne aussi la page sur une année charnière. En 2008, le rockeur a franchi le cap du million d'albums vendus en carrière. Un score mirobolant pour un chanteur qui ne fait carrière qu'ici (par opposition à une Isabelle Boulay, par exemple) et qui continue de bien vendre à une époque où les disques se vendent de moins en moins.

Plus important encore, l'année qui s'achève marque un changement de garde dans son équipe. Yves-François Blanchet, son inséparable impresario, a changé de vie. Il est devenu député péquiste de la circonscription de Drummondville au terme d'une campagne marquée par un alcootest échoué. Le lendemain de l'incident, le rockeur, qui a lui-même fait la manchette plus d'une fois pour des raisons qui n'ont rien à voir avec sa musique, a d'ailleurs envoyé un courriel à son ami: «bienvenue dans mes souliers».

«Ça fait nombre d'années que c'est moi qui est en avant et lui en arrière à me donner des tapes dans le dos. Durant toute sa campagne, c'était l'inverse, commente Éric Lapointe. C'était la première fois que je me retrouvais dans le rôle du gars qui souffle les tires de l'autre...»

«Je suis content qu'il ait été élu», ajoute-t-il, rappelant qu'ils se sont rencontrés au Parti québécois. Perdre cet allié ne l'inquiète pas outre mesure. Sa carrière est bien établie et elle va bien. «La machine est huilée», résume-t-il.

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Le Party des Fêtes d'Éric Lapointe, ce soir, 21 h.