L'actrice espagnole devenue «chanteuse brésilienne» Victoria Abril, le retour de Stephan Eicher, le nouveau spectacle de l'étourdissante Camille et un ambitieux concept de Gregory Charles, qui revisitera 50 ans de chanson francophone, voici quelques-uns des faits saillants de la programmation des 20es FrancoFolies, qui se dérouleront du 24 juillet au 3 août.

Pour fêter les deux décennies de leur festival, Alain Simard et Guy Latraverse ont eu envie d'un gala animé par Les Moquettes coquettes. Les FrancoFolies s'achèveront en outre avec une commémoration du 20e anniversaire du décès de Félix Leclerc.

De la grille horaire de cette année, Alain Simard dit qu'elle rassemble des «monuments de la chanson qui ont marqué l'histoire des Francos», ainsi que des artistes «qui ont grandi» avec elles. D'un côté, les Michel Fugain (en formule Carte blanche, avec la participation Véronique Sanson, aussi programmée au Théâtre Maisonneuve), Claude Dubois (qui transporte ses duos au Centre Bell), Richard Séguin (pour la dernier de son spectacle Lettres ouvertes) et Catherine Ringer (sans le regretté Fred Chichin). De l'autre, Tricot Machine (avec un concept baptisé Tricopolis) et Stefie Shock (avec un spectacle acoustique).

Éclatées et assez peu tape-à-l'oeil, comme c'est souvent le cas, les FrancoFolies proposent une série d'événements spéciaux, dont un audacieux spectacle concept où Gregory Charles ambitionne de revisiter 50 ans de chanson francophone en cinq soirs à raison de 20 chansons par décennie depuis 1950. Tout un défi. «Il y a des matins où je me demande pourquoi j'ai dit oui», a admis l'artiste, dont les connaissances encyclopédiques sont pourtant largement connues.

«J'aime vraiment beaucoup la musique, je mange de la musique, je suis obèse de musique, a-t-il ajouté. Mais faire des choix, je trouve ça très difficile. C'est 2000 chansons que j'aurais voulu faire pas 100.» Si les années 60 sont celles d'Aznavour et des Sinners, si les années 70 sont celles de Michel Fugain et d'Harmonium, on a très hâte de voir ce qu'il aura retenu des années 80...

Tourné vers l'avenir

Laurent Saulnier, principal programmateur des FrancoFolies a admis que cette 20e présentation est l'occasion de jeter «un coup d'oeil dans le rétroviseur», mais il n'a pas du tout l'intention de faire passéiste. Il continue de miser sur la nouveauté et n'était pas peu fier de faire la liste des primeurs offertes cette année: Benjamin Biolay, Yannick Noah, Rose, Victoria Abril, Thomas Dutronc et la première du nouveau spectacle d'Éric Lapointe, dont l'album Ma peau paraît aujourd'hui.

Les figures montantes d'ici et de France, on les verra surtout dans les deux salles chargées de remplacer le défunt Spectrum. En début de soirée (19 h), on ira d'abord au Club Soda, où sont programmés Monsieur Mono, Benjamin Biolay (avec coeur de pirate) et Cali.

La série Hip Rap Rock déménage quant à elle au Cabaret Juste pour rire et débute une heure plus tôt, soit à 22 h. Y défileront Ami Karim (slammeur croisé au spectacle de Grand Corps Malade l'an dernier), Arman Méliès. El Motor, Sylvie Paquette et un doublé mettant en vedette Pauline Croze et Alexandre Désilets.

Des modifications seront également apportées au site extérieur, mais n'en retenons qu'une pour le moment: la construction, angle De Bleury et De Maisonneuve, d'une salle circulaire baptisée le Pavillon magique où seront notamment présentées deux séries de spectacles. Thomas Dutronc y sera quatre soirs, après que Stefie Shock y eut présenté, pendant trois soirs, un nouveau spectacle plus ou moins acoustique...

Stefie Shock sans «bébelles» électroniques et sans guitare électrique? «Il n'y a plus de machines», confirme-t-il, tout en précisant qu'il y joue encore de la guitare électrique. Reste qu'il a opté pour une formule où tous les sons sont produits par les quatre musiciens présents sur scène. Une approche qu'il juge volontiers de «contre-emploi». C'est l'occasion pour lui de ressortir des chansons qui cadraient moins dans les spectacles dansants qu'il a présentés ces dernières années. «Et là, le monde m'entend chanter», dit-il.

Cinq essentiels

1) Pierre Lapointe

Que sait-on de Mutantès, nouveau spectacle de Pierre Lapointe mise en scène par Claude Poissant? Qu'il s'appuie sur une vingtaine de nouvelles chansons, qu'il fera appel à une douzaine de comédiens-chanteurs-danseurs et qu'il s'agit «d'expérimentation à grand déploiement». On n'en sait rien, autrement dit. Il reste que l'ambitieuse création est l'une des pierres angulaires des 20es FrancoFolies.

2) Gregory Charles

Après avoir passé des années à interpréter des chansons choisies par d'autres, Gregory Charles se lance comme défi de sélectionner ses 100 préférées dans le répertoire francophone des 50 dernières années. Et de les interpréter en duo avec son piano. Cinq spectacles différents en autant de soirs. Un pari fou de la part d'un gars qui se dit «coké à la chanson».

3) Stephan Eicher

La dernière fois que Stephan Eicher a annoncé sa venue aux FrancoFolies, il a déclaré forfait. Cette fois, c'est la bonne, assure-t-on. Après presque 10 ans d'absence, on est forcé d'appeler ça de la grande, et rare, visite.

4) Camille

Music Hole, le troisième album de Camille, est principalement chanté en anglais. Sa visite n'en demeure pas moins tout à fait justifiée dans le cadre des FrancoFolies puisqu'elle est l'une des plus intriguantes bibittes à chansons du monde francophone. Nul doute que l'on aura droit à un concert étonnant, fait de bruits de bouches, de percussions corporelles et d'ironie savoureuse.

5) Catherine Ringer

Fred Chichin est parti en coup de vent, emporté par un cancer. Catherine Ringer a choisi de vivre son deuil sur les planches. Elle n'ose plus s'afficher sous le nom Rita Mitsouko, qu'elle n'a jamais porté seule, mais elle continue à en faire vivre le répertoire. Un retour qu'on prévoit remuant.