Le grand rassemblement de la culture punk et des sports extrêmes a envahi le parc Jean-Drapeau hier après-midi. Plus de 70 groupes se sont succédé sur les neuf scènes du Vans Warped Tour. Une surdose de distorsion, de cris, de planche à roulettes et de bière.

Pour la 14e présentation de cet incontournable rendez-vous des jeunes marginaux, le sol de l'île Sainte-Hélène vibrait au son de cette caravane punk qui fait le tour de l'Amérique du Nord. Les pieds dans la boue, les poings dans les airs, le public avait l'embarras du choix en matière de musique agressive.

Casquettes, perçages, coupes mohawk et tatouages de toutes les couleurs déambulaient de scène en scène. Un seul problème: impossible d'assister à toutes les prestations de cette grand-messe de la contre-culture en plein air.

Sur fond de dizaines de guitares grinçantes, quelques sportifs de la planche à roulettes ont exhibé leur talent sur une rampe installée à quelques mètres des deux scènes principales. Aucun blessé n'a été signalé.

Les amateurs de sensations fortes et de Mosh Pit (danse brutale où les participants se bousculent) en ont eu pour leur argent. Punk rock, ska, emo, hardcore, hip-hop: un vrai festival de musiques extrêmes.

Cacophonie et distorsion

Sous un ciel gris, les membres de Gym Class Heroes ont offert un spectacle ensoleillé digne de leur réputation de joyeux fêtards. Dans la masse de musique agressive qui sévissait au parc Jean-Drapeau, le groupe a servi une macédoine de funk, de hip-hop et de pop, avec une énergie punk indéniable. «Nous voulons faire l'amour à vos oreilles», a proposé Travis McCoy, le chanteur aux mille grimaces qui arborait une casquette des Expos pour l'occasion. La foule a accepté la proposition avec joie en dansant sur les rythmes groovy des New-Yorkais.

Le moment le plus attendu de la journée était sans aucun doute le concert de Pennywise, des vétérans de la scène californienne. Devant les dizaines de téméraires qui faisaient du body surfing, ils ont présenté une musique rapide et violente dans la plus pure tradition skate punk. L'assistance a accueilli la pièce Fuck Authority People les index en l'air. Pennywise ne pouvait pas terminer sa courte prestation d'une demi-heure sans entonner Bro Hymn, un classique que tout amateur se doit de connaître. La foule chantait jusqu'à s'égosiller et a réduit en cendres un drapeau américain pour l'occasion...

Sur une note plus cuivrée, les Montréalais du groupe The Planet Smashers ont charmé le public en quelques secondes. Les gens sautillaient sur place au son de la guitare saccadée de ces chouchous de la scène ska. Le public connaissait par coeur les paroles des chansons festives de la formation. Une atmosphère familiale se dégageait de cette joyeuse prestation.

En fin de journée, Against Me! y est allé d'un spectacle sans faille. Le groupe n'entendait pas communiquer avec la foule. Une sombre énergie se dégageait de la scène. Une fine pluie a agrémenté le rock lourd aux teintes de folk des Floridiens. Les amateurs se sont tout de même massés par centaines pour entendre le punk atypique du violent orchestre.

Punk's not dead

12 500 mordus de musiques extrêmes ont assisté à l'arrêt montréalais de la grande caravane punk. Autant de personnes qui sont revenues à la maison les oreilles pleines de bourdonnements. Une assistance qui donne raison au groupe The Exploited qui chantait Punk's Not Dead en 1981.

Toutefois, à voir le nombre de stands qui vendaient des produits dérivés et toutes les multinationales qui commanditent l'événement, les vieux idéaux punk paraissent bien loin...