L'Orchestre symphonique de Montréal (OSM) annonçait sa saison 2017-2018, hier, avec 105 concerts et une programmation articulée autour de plusieurs axes forts : grandes oeuvres chorales, compositeurs russes et scandinaves, solistes de prestige et idées audacieuses. Kent Nagano a rencontré les médias pour commenter ces choix.

QUATRE PILIERS : LES GRANDES OEUVRES CHORALES

Les quatre piliers de la programmation, selon Kent Nagano, sont les grandes oeuvres avec choeurs qui transmettent des valeurs humanistes importantes aux yeux du maestro, particulièrement en cette ère politique qu'il juge troublante. « Ce qui s'est passé aux États-Unis est le miroir de ce qui se passe dans le monde entier. Chez nous, ce gouvernement propose de couper le financement des arts, dont on remet la pertinence en question. L'an dernier, alors que nous finalisions la saison, j'ai voulu inclure des oeuvres qui véhiculent les idéaux des Lumières. Par l'art, nous avons collectivement un accès à ces valeurs », dit-il. Contre l'obscurantisme, il propose la musique : Symphonie no 8 de Mahler pour lancer la saison, le Magnificat de Bach en décembre, le Requiem de Verdi en mars, et la Symphonie no 9 de Beethoven en mai.

POLLINI ET AUTRES INVITÉS

La programmation décline une longue liste de solistes prestigieux. Après 10 ans d'efforts, l'OSM a réussi à amener le légendaire Maurizio Pollini pour un récital, en collaboration avec Pro Musica. Les autres pianistes de cette série sont Yuja Wang et Mikhaïl Pletnev. On pourra aussi entendre Charles Richard-Hamelin, Maxim Vengerov, Steven Isserlis, Gidon Kremer, Leonidas Kavakos, Alina Ibragimova, Jan Lisiecki et Christian Tetzlaff en concert avec l'OSM. Des orchestres invités visiteront Montréal, soit l'Orchestre du Centre national des arts avec la pianiste Beatrice Rana, sous la direction d'Alexandre Shelley, en avril, le Toronto Symphony Orchestra avec le pianiste Leon Fleischer, en mai, et le fabuleux Orchestre Mariinsky sous la direction de Valery Gergiev, accompagné de Denis Matsuev dans le Concerto no 2 pour piano de Chtchedrine, en novembre.

FESTIVAL NORDIQUE

La nordicité et le froid fascinent le chef d'orchestre venu de Californie. « Le Canada est membre d'un club qui se partage le territoire arctique. Ce qui est fascinant, c'est de voir qu'autour de ce cercle arctique, il y a des phénomènes culturels qui ne respectent pas les frontières artificielles. » Cette année, un Festival nordique présentera trois concerts axés sur les compositeurs des pays scandinaves, de la Russie et du Canada, sous la direction du chef finlandais John Storgards. Alain Lefèvre interprètera le Concerto pour piano no 3 d'André Mathieu, et Hilary Hahn, le Concerto pour violon de Tchaïkovski. Le concert Contes et légendes du Nord proposera des oeuvres des compositrices canadiennes Alexina Louie et Nicole Lizée, avec des chants de gorge inuits et le chanteur Samian.

À la Maison symphonique, du 24 au 26 avril 2018

DANS LE NOIR AVEC STEVE HILL

L'événement le plus intrigant de la saison s'avère certainement le Concert à l'aveugle, qui sera donné entièrement dans l'obscurité. « Je rêve de faire cela depuis longtemps. Dans les années 70, les concerts dans le noir étaient très populaires à l'université, pour pouvoir interagir avec la musique sans distractions visuelles. Nous avons donc choisi des oeuvres associées à cette époque, dont celles de Strauss et Ligeti qui faisaient partie du film 2001 : A Space Odyssey. » L'autre originalité du programme est une commande au compositeur John Anthony Lennon - à ne pas confondre avec le membre des Beatles -, soit un concerto pour guitare électrique et orchestre intitulé Electric Candlelight, en première mondiale. Il sera interprété par nul autre que le réputé guitariste Steve Hill.

À la Maison symphonique, le 16 février 2018 à 21 h

FESTIVAL BEETHOVEN

Les neuf symphonies de Beethoven en sept jours : c'est ce que proposera le festival Beethoven, en mai 2018. « C'est important de conserver notre façon de jouer Beethoven, avec les couleurs et le son d'ici, qui sont différents. Une tradition peut vivre seulement si on la pratique, si elle est vivante, sinon, ça devient un musée. On a déjà fait l'intégrale de Beethoven, on l'a enregistrée et on a gagné des prix, mais on va la faire encore, dans le contexte de qui nous sommes et où nous sommes, dans ce XXIe siècle, au Québec. » 

À la Maison symphonique, du 27 mai au 2 juin 2018