Une soirée trop sage et sans éclat, voilà ce qui attendait les quelque 2000 personnes réunies à la Maison symphonique pour Silence, on joue, le nouveau spectacle d'Angèle Dubeau et de la Pietà, mardi soir. Et pourtant, la violoniste avait promis des surprises en début de concert. Ce fut plutôt statique et sans imagination.

Le talent et la musicalité des interprètes ne sont pas en cause. Toutes d'excellentes musiciennes, elles jouent avec une technique, une sonorité, une justesse et une précision remarquables. Ce n'est pas non plus la musique de film qui pose problème, ni même les arrangements, qui, bien que convenus, sont agréablement ficelés. La plupart des compositeurs de musique de film sont d'ingénieux mélodistes et, surtout, des créateurs d'atmosphères.

Redondant

Malheureusement, ici, ces paysages sonores sont aplanis par une pensée musicale standardisée qui lamine toute véritable passion. Le caractère distinctif de chaque oeuvre est dilué dans une palette expressive homogène et limitée. Presque tout est joué sur un ton calculé, modéré et suave, qui devient vite redondant. Il serait sans doute juste de dire qu'il y a là une cohérence stylistique, mais le hic est que cette cohérence suinte l'ennui.

Dans la salle, l'émotion ne passe pas vraiment. À la septième pièce, Over the Rainbow, on ressent enfin un peu de chaleur. Mais il est trop tard, le voisin de droite s'est endormi. Vers la fin, des spectateurs quittent la salle entre les morceaux.

L'idée d'un concert de musique de film a pourtant du potentiel. Or, réunir des pièces autour d'une bonne idée ne suffit pas à créer un concept de spectacle qui se tient. Quand un ensemble classique veut bien s'encanailler dans un répertoire populaire, il doit jouer le jeu et se décoincer un peu. Ces dames demeurent vissées à la même place pendant deux heures (sans entracte) comme de studieuses élèves. Un effort minimal de mise en scène, en accordant une certaine importance à des détails extra-musicaux simples, comme des éclairages créatifs et des transitions dynamiques, aurait pu faire toute la différence. Quand Mme Dubeau prend la parole, on se croirait à l'église. Elle présente les pièces sans anecdotes intéressantes, et ses rares blagues tombent plutôt à plat. Tout le monde n'est pas un présentateur-né, mais on peut toujours embaucher un auteur pour écrire des introductions inspirantes. Ce sera peut-être pour la prochaine fois.