J'allais aux «5 à 8 de l'OSM» pour entendre Hubert Reeves expliquer ses «choix musicaux». J'en rapporte quelques témoignages assez troublants et sans lien aucun avec la musique.

Invité à cette série où une personnalité hors du milieu musical établit le programme et commente ses choix, l'astrophysicien de 76 ans, d'origine mont-réalaise, m'a fait un peu sourire lorsqu'il a parlé de Verklärte Nacht comme d'une chose «pas facile». Pas facile à prononcer, peut-être, ce Schoenberg est quand même de 1899 et en ré mineur, M. Reeves! Mélomane et non musicien, l'homme n'a pas dit en quoi exactement consiste «cette touche propre à Ravel» dont il a parlé.

Peu importe. On retiendra plutôt des déclarations comme celle-ci: «Que l'espèce humaine perdure au-delà des saccages qu'elle fait.» Diverses observations sur l'environnement menacé ont touché l'auditoire, composé de gens qu'on ne voit jamais au concert mais que l'OSM attire avec cette formule.

Aux questions généralement pertinentes de l'animateur André Robitaille, le vénérable invité a répondu dans un français pondéré et clair. Oui, dit-il, il se peut que l'univers soit infini, il se peut qu'il existe de la vie ailleurs que sur notre planète, il se peut qu'il y ait une autre vie après celle-ci.

Mais la musique était à l'ordre du jour. Les choix de M. Reeves avaient ceci de remarquable que Bach, Mozart et Beethoven en étaient totalement absents. Décision originale et stimulante, le fait d'un homme libre, qui n'est d'ailleurs pas tombé dans le genre Planets ou Star Wars qu'invitait sa profession. Il nous a appris qu'il avait déjà dirigé des orchestres et qu'il aurait voulu être violoncelliste.

Le programme était beaucoup trop long cependant: une heure et demie, alors que ces concerts sont annoncés comme devant durer une heure. Rivest aurait dû écourter l'interminable ouverture de Mendelssohn. Sa baguette furtwänglérienne faisait d'ailleurs paraître l'«extrait» (sic) du Schoenberg plus long que l'original. Finalement, la plus belle exécution fut Le Cygne de Tuonela, de Sibelius, avec un Pierre-Vincent Plante véritable poète du cor-anglais.

__________________________________________________________________________________________________

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Jean-François Rivest. Invité: Hubert Reeves. Animateur: André Robitaille. Mardi soir, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. Série «Les 5 à 8 de l'OSM».