Les soeurs Boulay, le directeur musical Philippe Ostiguy et la chanteuse country Guylaine Tanguay ont tous repris à leur façon les chansons de Céline Dion. Ils nous racontent pourquoi.

Stéphanie Boulay

Les soeurs Boulay ont sorti une reprise acoustique de Pour que tu m'aimes encore en 2016.

«Céline Dion, c'est l'idéal de toute petite fille qui veut chanter dans la vie. En tout cas, c'était le nôtre. Du Céline Dion, c'est aussi, ironiquement, pas chantable. La plupart du temps, il faut descendre les tonalités d'un ton ou deux et modifier certains passages mélodiques, qui sont à se garrocher dans les murs de virtuosité. Mais Pour que tu m'aimes encore, ça se chante quand même bien pour nos voix plus petites. C'est ma Céline préférée, la Céline du temps de Goldman. Une époque où elle chantait en français et simplement, humblement, de façon plus "littéraire" même. Il y avait une attention portée aux mots, on dirait qu'elle laissait les textes chanter tout seuls, sans les appuyer avec son instrument plus que grandiose. Il y a quelque chose qui me parle là-dedans : avoir une voix qui peut faire n'importe quoi et la tenir comme une laisse dans sa main, pour laisser toute la place à la chanson, et puis la libérer au moment opportun. [...] Céline est une pro de ça, encore aujourd'hui. À son dernier show à Montréal, elle nous tenait et nous traînait là où elle voulait aller, impitoyable. Mais je suis quand même une grande fan de la Céline en anglais du temps de Let's Talk About Love. Cet album, je le connais sur le bout de mes doigts. Même le rap, je crois.»

Philippe Ostiguy

Directeur musical et artistique des Petits Chanteurs de Laval, qui ont repris S'il suffisait d'aimer (avec Les Voix Boréales et le Choeur des jeunes de Laval)

«C'était dans le cadre du concours Chantez pour Sainte-Justine avec Céline Dion, en 2014, et nous avons remporté le prix Coup de coeur du jury, ce qui nous a permis de chanter avec elle à la Maison symphonique. Nous avons aussi fait une vidéo enregistrée à la Place Ville Marie. [...] J'écris beaucoup d'arrangements de choeur, et j'aime choisir des chansons populaires québécoises, car on retrouve surtout des succès anglophones. J'ai fait l'arrangement de S'il suffisait d'aimer en fonction de la vidéo, qui présente d'abord des solistes jusqu'aux voix des 300 choristes qui chantent tous ensemble. J'ai écrit l'arrangement pour l'occasion. Or, on me demande souvent les partitions. Je reçois même des demandes d'Europe.»

Guylaine Tanguay

La chanteuse country présente depuis plusieurs mois le spectacle Ce n'était qu'un rêve, où elle interprète des reprises de son idole de jeunesse.

«Céline a quelques années de plus que moi. Quand elle a fait ses débuts, j'habitais dans mon village natal du Lac-Saint-Jean, Girardville. Je l'enregistrais à la télé. Je la trouvais simple et humaine, et elle inspirait une fille comme moi qui ne vient pas d'une famille dans le show-business. [...] J'ai acheté tous ses 33 tours. J'avais reçu un gros tourne-disque et un radiocassette avec un micro, donc j'ai pu m'enregistrer. C'était comme une formation vocale. Pour moi, Céline représentait l'idée que tout peut se passer. [...] Je me suis finalement consacrée à la musique country, mais j'ai commencé à reprendre The Power of Love. À 45 ans, comme les gens me connaissaient et que j'étais bien établie dans le country, j'ai décidé de monter un spectacle en hommage à Céline Dion. Je pensais le présenter quelques soirs au Casino de Montréal, mais cela a tellement bien marché qu'on le représente de temps en temps. Chaque fois, c'est un honneur pour moi, donc je veux toujours me surpasser. [...] La mère de Céline l'a vu et elle a pleuré. Elle m'a dit que c'est comme si je lui racontais et chantais sa vie.»

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La chanteuse country Guylaine Tanguay présente le spectacle Ce n'était qu'un rêve, en hommage à Céline Dion.