Pour une 12e année consécutive, Louis-José Houde pilotera le gala de l'ADISQ, qui célèbre les artisans de la musique d'ici. Parions que l'humoriste engagé ne manquera pas de sujets pour son numéro d'ouverture avec l'actualité brûlante des dernières semaines.

Voici un aperçu des sujets qui feront jaser les artistes cette année :

Le harcèlement et les agressions dans le milieu artistique

Les allégations de harcèlement et d'agressions sexuelles qui ont éclaboussé le puissant producteur hollywoodien Harvey Weinstein ont fait tache d'huile dans le milieu culturel québécois. Des allégations d'inconduite sexuelle contre l'animateur Éric Salvail se sont propagées et quelques jours plus tard, c'était le fondateur du festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, qui était dans l'eau chaude pour de nombreuses allégations de harcèlement et d'agressions sexuelles. Le milieu littéraire n'a pas été en reste : l'éditeur des éditions Les Intouchables Michel Brûlé a lui aussi été visé par des allégations d'inconduite sexuelle.

Pour l'instant, l'industrie musicale semble avoir été épargnée, mais l'ADISQ a jugé bon de publier un communiqué pour dénoncer « le harcèlement et l'intimidation sous toutes ses formes ».

L'organisation a d'ailleurs accepté de participer à un groupe de travail sur le sujet avec d'autres acteurs de l'industrie culturelle. « Je tiens à dire que les comportements honteux largement rapportés dans les médias ne reflètent heureusement pas ceux que nous entretenons de façon régulière dans notre industrie », a conclu Solange Drouin, vice-présidente aux affaires publiques et directrice générale de l'ADISQ.

Les quotas de musique francophone à la radio

Louis-José Houde avait lui-même mis de l'avant ce débat lorsqu'il était allé cueillir le Gémeaux de la meilleure animation catégorie humour, série ou spectacle de variétés pour le Gala de l'ADISQ 2016. « Il y a plusieurs radios, pas toutes, mais plusieurs radios commerciales qui font des efforts, jour après jour, pour faire baisser le quota de chansons francophones à la radio francophone, et je pense que comme diffuseur de culture, dans une province francophone, vous avez une partie de la responsabilité de la sauvegarde de notre identité », avait-il déclaré, en invitant les gens à regarder le prochain gala de l'ADISQ. Cette déclaration avait d'ailleurs suscité la grogne de certains, qui accusaient l'humoriste de vouloir leur dire quoi écouter.

Le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) avait entamé des discussions sur le sujet avec les principaux acteurs de l'industrie, qui sont en suspens depuis la nomination du nouveau dirigeant du CRTC. L'ADISQ s'était dite préoccupée par la revendication d'un regroupement de radios commerciales francophones pour que le quota de musique francophone passe de 65 à 35 %. L'ADISQ a récemment diffusé un communiqué pour que le CRTC relance ce « débat de fond ».

Avant de quitter la présidence du CRTC, en entrevue avec La Presse, Jean-Pierre Blais avait ouvert la porte à abolir ces quotas pour s'adapter à la réalité d'aujourd'hui. « [Les quotas] ont eu leur succès, mais le monde a changé. Les jeunes n'écoutent plus la radio comme par le passé, ils découvrent la musique sur YouTube et sur les services de musique en continu », avait-il expliqué.

La musique, grande absente de la politique culturelle

Lorsque la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, a présenté la nouvelle politique culturelle à la fin du mois de septembre, les discussions ont porté presque exclusivement sur le cas Netflix, qui n'a pas été taxé contrairement à ce que réclamaient plusieurs intervenants. Mais peu ont abordé l'absence de mesures concrètes pour réglementer les Spotify de ce monde, des sites de musique d'écoute sur demande qui ne généreraient que de maigres revenus pour les artistes québécois.

« L'annonce d'une entente avec Netflix pour compenser l'absence de mesures fiscales légitimes à l'endroit des géants étrangers actifs au pays n'apporte aucun soulagement à l'industrie de la musique, pourtant obligée de composer avec la présence de plusieurs entreprises semblables », ont déploré plusieurs organismes dans le domaine de la musique.

« De surcroît, il paraît d'emblée évident qu'elle ne saurait être transposable en musique : les services de musique en ligne ne produisent pas les contenus qu'ils diffusent et les ententes d'exclusivité y relèvent de l'exception. »

La Commission du droit d'auteur a fixé à 10,2 cents par millier d'écoutes les redevances que les services de streaming doivent verser aux artistes et aux producteurs - et ce sont des miettes, selon l'ADISQ. Aux États-Unis, les artistes gagnent 10 fois plus qu'au Québec, selon l'organisation.