The xx. Quel excellent album! Quel concert ennuyeux! Quel dommage...

Ça s'annonçait pourtant comme une soirée fantastique, prolongement d'une journée, alors là, pas besoin d'en rajouter.

Dans un Métropolis affichant complet, les amateurs de bonne pop indé avaient la mine réjouie, les joues rosées par le soleil. L'affiche de la soirée était la «cerise sur le sundae» que plusieurs ont dû s'offrir en cet après-midi estival: le producteur électro californien (et remixeur de The xx) Nosaj Thing, le duo suédois jj et, enfin, la révélation pop britannique de 2009.

Nous avions pris une belle claque en découvrant The xx, premier album de ce groupe de jeunes dans la vingtaine sortis de nulle part - façon de parler, puisque le groupe originaire du sud de Londres est né à la réputée Elliott School, où ont aussi étudié d'autres brillantes têtes musicales anglaises telles que les gars de Hot Chip et de Burial.

Bref, aussi bon que puisse être cet album de pop aux accents eighties qui ne verse jamais dans le cliché ou le romantisme d'une époque que ses membres n'ont pas connue, la performance live était en deçà des attentes. Précocement lumineux en studio, les jeunes de The xx ont encore du galon à prendre avant de pouvoir prétendre nous charmer autant avec leurs spectacles.

Comme au premier concert

Ça aussi, on le savait. The xx distille une pop cool, aérée et insomniaque, le genre de truc qui s'écoute les lumières tamisées. Dans le salon, c'est du bonbon. Sur scène, ça passe moins bien, comme le groupe l'avait démontré à son premier concert en sol montréalais en décembre dernier, en première partie de Friendly Fires.

De toute évidence, ça n'a pas démonté les fans, dont le nombre a forcé le déménagement de ce spectacle du National au spacieux Métropolis. «C'est la première fois qu'on joue en tête d'affiche au Canada», a souligné, ravi, le bassiste et chanteur Oliver Sim.

Derrière un grand rideau, les trois musiciens ont fait des ombres chinoises avec leurs instruments alors que les premières notes de l'instrumentale Intro ont signalé le début du concert. La foule a ensuite bruyamment accueilli le premier succès du groupe, Crystallised; la chanteuse et guitariste Romy Madley Croft égrainait les notes de cette belle chanson qui évoque un The Cure paisible, et partageait les tâches vocales avec son collègue Oliver Sim, à la basse électrique. Derrière eux, le batteur/percussionniste (et réalisateur de l'album) Jamie Smith tapotait sur ses machines. Occasionnellement, il se déplaçait à la droite de Madley Croft pour jouer de vrais tambours.

Ce qu'on entendait là était joli, finalement assez fidèle aux versions de l'album. Sans surprise se sont succédé Islands, Heart Skipped a Beat, les impeccables Fantasy, Shelter, VCR (chaudement applaudie par les fans) et, vers la fin, avec une rythmique à peine plus robuste, Basic Space et Night Time.

Or, tout ça était bien mince: une sono sans profondeur, une présence scénique quasi anonyme. On aurait pu écouter ça les lumières fermées dans notre salon, ç'aurait été du pareil au même. Un spectacle bien peu spectaculaire, en somme.

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