Un projet auquel tenait Tony Roman a finalement vu le jour un peu plus de deux ans après sa mort, avec le lancement d'une compilation de certains de ses succès.

L'enfant terrible du showbiz québécois avait mijoté l'idée d'une telle compilation deux ans avant qu'il ne rende l'âme, le 8 juin 2007. Le lancement vient d'avoir lieu mais le projet retenu a finalement englobé ses plus grands succès au cours de sa carrière. Il avait souhaité qu'un «best of» mette l'accent sur ses dernières chansons, plus personnelles, marquées de créations originales.

«Le projet a changé un peu, a reconnu Anne Bujnowski, sa dernière conjointe, mais finalement, ce n'était pas une mauvaise idée d'inclure les chansons du temps où il a commencé à être populaire», a-t-elle reconnue.

« Tony, qui a dû enregistrer une centaine de chansons, n'aimait pourtant pas parler de cette période des années 1960 mais finalement j'ai appris à le découvrir en écoutant ses premiers succès», a-t-elle confié en entrevue.

Le fils de Tony Roman, Anthony, (né d'une autre union) a aussi été impliqué dans le projet, notamment pour la sélection des chansons retenues.

Comptant 17 titres, le CD «Tony Roman - C'est fou mais c'est tout», reprend le titre d'un succès des Baronets, René Angélil en tête. C'est qu'au début des années 1960, Tony Roman avait incité le groupe à reprendre des succès des Beatles dans la langue de Molière.

René Angélil, qui a écrit de bons mots sur Tony dans la courte biographie qui accompagne le CD, raconte justement que c'est grâce à Antoine d'Ambrosio de son vrai nom que son groupe a changé de style et connu du succès.

La traduction et la production du 45 tours en question ont été bouclé en quelques jours, comme c'était pratique courante à l'époque.

«C'était ça Tony, de poursuivre M. Angélil - absent au lancement mais présent sur vidéo, un gars plein de projets avant-gardistes qu'il réalisa», a-t-il ajouté,  reconnaissant ainsi sa contribution et pour l'industrie du disque et pour celle du cinéma.

L'album contient, comme le souhaitait le président Secteur musique du Groupe Archambault, Pierre Marchand, des incontournables de cette période faste des années 1960 où les groupes de musique foisonnaient.

Notons «Do Wha Diddy», «Hanky Panky» et « Sha La La», des adaptations en français de succès américains.

On trouve aussi des chansons lancées en France puis reprises ici repiquées en un temps record, comme  «Le pénitencier» et «Fleurs d'amour et d'amitié» toutes deux interprétées d'abord par Johnny Hallyday.

Ce dernier titre était aussi la chanson-thème de l'émission de variétés que Tony Roman avait animée avec Nanette Workman sur les ondes de Radio-Canada, à l'époque du «Flower Power».

Des chansons originales comme «Crier, crier», «Lady» ou «La grosse Mado», le dernier succès de Tony Roman lancé  au milieu des années 1970, viennent boucler le menu musical de l'album-souvenir.

Mais des titres pourtant populaires, comme «La ballade de Riel et Chénier», n'ont pas été retenus.

Musicor Produits spéciaux, approchée par la famille pour la production de ce CD,  a eu la bonne idée d'inclure des succès d'autres artistes qui ont travaillé avec Tony Roman, le producteur, dont Patrick Zabé, Johnny Farago et Stéphane, entre autres. «C'est fou mais c'est tout « des Baronets est aussi sur le CD, ainsi que «Les Lunettes» de Zabé et «Québécois» de la Révolution française.

Dans le livret accompagnant le CD, Tony Roman résume sa vie. Il parle de ses débuts en musique, de l'influence exercée par Nanette - qu'il a découverte à New York - dans la fondation de sa compagnie de disques Canusa et de ses expériences musicales.

Il faut dire que Roman a frayé avec divers genres de musique, du yé yé au new wave, en passant par le rock, et le punk.

Il est entre autres intéressant de lire le passage sur la difficulté qu'il a eue avec l'enregistrement de la très nationaliste chanson «Québécois», où il tenait mordicus à faire intégrer la musique de fanfare, comme celle que l'on entendait jadis dans les parades de la Saint-Jean Baptiste.

La lecture de ce livret nous démontre à quel point cet homme visionnaire trempait sans cesse dans toutes sortes de projets, à commencer par des expériences musicales.

Plus tard, Tony Roman a porté son intérêt dans le  monde du cinéma, ayant eu la piqûre en jouant dans le film culte «Bulldozer» de Pierre Harel. Mais il est parti vivre à Los Angeles pendant une quinzaine d'années avant de revenir au Québec pour travailler d'abord avec le producteur René Malo.

«J'ai connu plus Tony dans le monde du cinéma, dira sa dernière amie. Il préparait encore des scénarios de films avant de mourir. Plusieurs projets étaient en route avant sa mort, dont Camping sauvage 2. Des projets qui pourraient bien se terminer un jour», souhaite Mme Bujnowski. Comme celui d'une biographie complète de cet homme-orchestre.