Les employés de la Société Radio-Canada et de son pendant anglais CBC sont sur les charbons ardents alors que la direction doit donner les détails, la semaine prochaine, sur l'élimination de 400 postes additionnels.

L'annonce n'a surpris personne, puisque leur président et directeur-général, Hubert Lacroix, avait annoncé le 26 juin dernier que la société d'État devrait éliminer entre 1500 et 2000 postes additionnels d'ici 2020 si les revenus n'étaient pas au rendez-vous.

Les 400 postes visés seront la première tranche de cette compression.

En avril, la direction avait annoncé l'élimination de 657 postes à temps plein sur deux ans, dont 312 du côté des services français.

La répartition des 400 postes éliminés entre les services français et anglais et entre les divers départements reste à être connue.

«On n'a aucune idée», a expliqué à La Presse Canadienne la présidente du Syndicat des employés de bureau et professionnels de Radio-Canada, Isabelle Doyon.

«Radio-Canada doit rencontrer les syndicats la semaine prochaine. Nous avons hâte d'avoir la rencontre parce que je dois vous avouer que nous sommes un peu à bout de souffle», a-t-elle ajouté.

Le diffuseur public doit composer, d'une part, avec des compressions de 130 millions $.

Par ailleurs, Hubert Lacroix avait indiqué en juin que l'entreprise a souffert d'un ralentissement général dans le marché de la publicité, de cotes d'écoute décevantes du côté de la télévision anglaise, d'une performance décevante des revenus publicitaires d'Espace Musique et de CBC Radio 2 ainsi que de la perte des droits de diffusion des matches de la Ligue nationale de hockey au profit de Rogers Media.

Mme Doyon estime toutefois que ces compressions sont moins le résultat des conditions de marché que de l'hostilité du gouvernement Harper envers la société d'État.

«C'est une question de volonté politique. Nous faisons face à une idéologie du gouvernement conservateur qui est difficile à contrer», a-t-elle dit.

Elle estime qu'il serait possible d'effectuer des compressions sans toucher au contenu, Radio-Canada étant aux prises avec une lourde structure administrative et une quantité de cadres intermédiaires fortement excédentaires, selon elle, mais elle ajoute que le mandat confié à la direction est clair et suivi à la lettre.

«Hubert Lacroix n'est pas le plus grand défenseur du radiodiffuseur public, a-t-elle laissé tomber en entrevue. Il n'a jamais demandé au gouvernement davantage de budgets. Il a toujours dit qu'il se débrouillerait avec ce qu'on lui donne.»

À son avis, certaines stratégies de la direction ne visent qu'à renflouer les coffres à court terme, mais elles s'avéreront coûteuses et, donc, nuisibles pour la société d'État à plus long terme.

«Ils sont en train de liquider tous les actifs de Radio-Canada. Ils vendent pour devenir locataire dans les stations régionales; ils veulent vendre toute la flotte mobile de Radio-Canada et louer les équipements pour couvrir les gros événements. À long terme, ces locations coûteront plus cher», a dit Mme Doyon.