Le président-directeur général de CBC/Radio-Canada, Hubert T. Lacroix, a fait face à un véritable barrage de questions sur les orientations de la société d'État et sur ses propres dépenses, hier soir, devant un comité sénatorial.

M. Lacroix a réitéré ses excuses au sujet des 30 000$ qu'il a dû rembourser aux contribuables, en septembre, pour des frais de subsistance réclamés en trop pour des séjours dans la capitale fédérale.

«Je suis frustré contre moi-même pour ne pas avoir clarifié les règles concernant mes dépenses dès ma nomination», a-t-il déclaré. Je veux «m'excuser à tous les Canadiens qui appuient CBC/Radio-Canada pour cette erreur», a-t-il ajouté.

Ces excuses n'ont pas empêché un sénateur conservateur, Don Plett, de tracer un parallèle entre les dépenses du PDG et le scandale du Sénat. Au cours des derniers mois, trois sénateurs ont été suspendus sans salaire et un autre a démissionné pour avoir fait des réclamations jugées fautives. Deux d'entre eux font maintenant face à des accusations criminelles.

«Vous ne pensez pas, monsieur, que le public serait tout aussi indigné de vos propres dépenses réclamées indûment?», a lancé le sénateur au président Lacroix. Les frais de voyage du sénateur Plett ont eux-mêmes fait l'objet d'une attention médiatique de la part de CBC récemment.

Barrage de questions

Le Comité sénatorial permanent des transports et des communications mène une étude sur «les défis que doit relever la Société Radio-Canada en matière d'évolution du milieu de la radiodiffusion et des communications». L'étude a été entreprise dans la foulée de la perte par CBC du contrat de diffusion des matchs de la Ligue nationale de hockey au profit de Rogers.

Les sénateurs en ont profité pour bombarder le président de questions, plusieurs portant sur ses bonus de performance et sur la «montréalisation» des services francophones du diffuseur canadien.

«On n'a pas l'impression que Radio-Canada Montréal reflète les valeurs canadiennes, a dénoncé le sénateur conservateur Ghislain Maltais. Si vous écoutez tous les petits programmes possibles et imaginables, on n'invite que les gens qui prônent une option politique... Et c'est très malheureux, parce que ça ne représente que 33% de la population québécoise. Et il en reste quand même 67% qui pensent autrement que la petite clique du Plateau.»

M. Lacroix a pour sa part réitéré que les compressions fédérales des dernières années et le contexte changeant de l'industrie le forcent à repenser les orientations de la société d'État de 2015 à 2020.

«On ne peut pas chaque année faire une coupure d'importance dans le radiodiffuseur public ou se réinventer aux deux ans, a-t-il dit. Il va falloir que le plan d'au-delà de 2015 nous permette d'avoir une stratégie qui va nous mener jusque-là, et qui va faire en sorte que les Canadiens puissent comprendre qu'on ne peut pas constamment donner tous les services pour tout le monde à travers le Canada. Ça ne fait pas de sens.»