Il y a 100 ans jour pour jour, Le Droit naissait dans un contexte de résistance franco-ontarienne. Fondé le 27 mars 1913 par le père Charles Charlebois, d'Ottawa, Le Droit a vu le jour à la suite de l'adoption du règlement XVII du gouvernement ontarien, qui interdisait l'usage du français comme langue d'enseignement et de communication dans les écoles de la province. Pour plusieurs, à l'époque, ce règlement symbolisait la mort certaine qui guettait la communauté franco-ontarienne.

Le journal, dont le slogan était «L'avenir est à ceux qui luttent», s'était donné le mandat de «défendre la francophonie de la province». «Le Droit reflétait aussi la volonté qu'avaient tous les Franco-Ontariens de se donner une voix», explique Jean Gagnon, rédacteur en chef du quotidien.

Selon Pierre Jury, éditorialiste en chef du Droit, le fait que le quotidien célèbre aujourd'hui ses 100 ans illustre bien la profonde ténacité dont ses artisans ont toujours fait preuve. «C'est une entreprise de presse qui s'est faite le témoin et la courroie de transmission d'une communauté entière, et qui a parlé en son nom pendant plus de 100 ans», explique-t-il.

«Le simple fait qu'un journal francophone soit publié en Ontario, particulièrement dans le contexte linguistique de l'époque, c'était un exploit à l'époque, un acte courageux de résistance», ajoute Jean Gagnon.

Pendant toute son histoire, le quotidien a été témoin de nombreux événements marquants. S'il est aujourd'hui un journal d'information et d'opinion, Le Droit a notamment participé à la sauvegarde de l'hôpital Montfort, un hôpital francophone menacé de fermeture par le gouvernement conservateur. «Le journal souhaitait sauver cet hôpital, le seul hôpital universitaire francophone en Ontario», précise Jacques Pronovost, éditeur et président du Droit. Le déchirement des Canadiens français lors des états généraux du Canada français, à la fin des années 60, et la fusion des villes touchant notamment Gatineau font aussi partie des nombreux événements qui ont marqué l'histoire du quotidien, propriété du groupe de presse Gesca depuis 2001.

Niché en plein coeur du centre-ville d'Ottawa et non loin de Gatineau, Le Droit s'adresse à la fois aux populations franco-ontariennes et québécoises. «Ce statut de ville frontalière a toujours su enrichir notre regard et notre réflexion explique l'éditorialiste en chef Pierre Jury. Nous sommes exposés aux pratiques distinctes des provinces québécoise et ontarienne, affirme ce dernier. En santé, par exemple, ces différentes façons de fonctionner enrichissent grandement le débat et notre réflexion».

Plusieurs événements ont été organisés afin de souligner ces 100 ans. Hier, à la veille du centenaire, lors d'une réception tenue à l'hôtel de ville, le maire d'Ottawa Jim Watson a reçu la communauté franco-ontarienne. «On s'est donné comme défi que Le Droit connaisse un autre centenaire», lance Jacques Pronovost. Selon le rédacteur en chef du quotidien, tout indique que Le Droit se fera le témoin et la voix de la communauté francophone ontarienne et québécoise pendant encore de nombreuses années. «Notre quotidien n'a jamais été aussi lu qu'aujourd'hui, explique fièrement Jean Gagnon. Ça montre que les gens de la communauté qu'on dessert continuent de vouloir s'informer à travers notre quotidien francophone, notre édition électronique et notre importante plateforme web.»

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Pour en savoir plus: Le Droit, 100 ans d'information, d'implication, d'évolution

https://www.100ans.ca

Photo: Étienne Ranger, Le Droit