La feuille de route officielle parle d'elle-même: d'origine néo-écossaise, transplanté à Montréal à l'instar du groupe Plants & Animals, Wintersleep demeure l'un des fleurons de la mouvance indie rock au Canada. Et, semble-t-il, ne dort jamais l'été.

Fondation en 2001, paire albums sous étiquette Dependent Music. Signature en 2006 chez Labwork Music. Sorti en 2007, l'album Welcome to the Night Sky conduira l'année suivante Wintersleep à être consacré «nouveau groupe de l'année» au gala des Junos. Malgré ce triomphe dans le Rest of Canada, le groupe choisit de s'installer à Montréal en 2007 (enfin, sa portion congrue), comme tant d'autres formations anglophones venues d'ailleurs. Vu de l'intérieur, aucune contradiction à l'horizon! Avec raison, d'ailleurs: en 2009, Wintersleep sera sélectionné parmi les premières parties du spectacle de Paul McCartney donné à Halifax.

New Inheritors, quatrième album de Wintersleep, est lancé au printemps 2010, sans toutefois déclasser Welcome to the Night Sky - dont le band entonnera la chanson Weightly Ghost chez David Letterman en janvier 2011. La même chanson, rappelle le profil biographique du groupe, sera télédiffusée via la série Being Human au cours de ce même mois en plus d'être utilisée en toile de fond d'une pub de Molson Canadian - pour la promotion du projet environnemental Red Leaf Project. Dans la liste des présences de Wintersleep sur les scènes rock, on retient les programmes de Pearl Jam, Wolf Parade, Broken Social Scene.

Hello Hum, tout récent album du groupe (majoritairement) montréalais, sera la matière principale au programme d'Osheaga où la formation fera sa première apparition publique depuis la sortie de l'album en mai. Sous étiquette Capitol/EMI, l'album a été lancé en juin. Depuis lors, le groupe tourne à travers le continent nord-américain.

Réunis au café-bar Olympica, soit au coeur du Mile-End par un jour de pure canicule, Paul Murphy (chant et guitares) et Tim D'eon (guitares et claviers) répondent à la question obligée: oui ils a-do-rent Montréal. Sauf le claviériste Jon Samuel qui résiste toujours à Halifax, trois membres de Wintersleep s'est établi majoritairement à Montréal il y a cinq ans - Paul, Tim et le batteur Loel Campbell. Paul s'est ensuite marié à une Allemande et s'est taillé en Europe pendant deux ans jusqu'à ce que le couple vient de s'établir à Montréal. « Nous sommes très heureux d'y rentrer, mon épouse vient de trouver un emploi à l'université Concordia. Quant à la Nouvelle-Écosse, nous y retournons à l'occasion des vacances...» résume le chanteur.

Puis nos interviewés relatent cette séquence déterminante de leur carrière. Le chanteur et guitariste de Wintersleep gardent un très bon souvenir de ces six semaines d'enregistrement sous la supervision des réalisateurs Dave Fridmann (MGMT, Flaming Lips, etc.) et Tony Doogan (Belle & Sebastian, Mogwai, etc.).

«Nous n'avons jamais passé autant de temps en studio pour la création d'un seul album. C'était la première fois que nous travaillions avec Dave Fridmann. Tony Doogan avait réalisé nos deux albums précédents avant de collaborer avec Dave pour cette troisième expérience. Dave et Tony sont de très bons amis, les choses se sont donc très bien passées aux Tarbox Road Studios que possède Dave à Cassadaga, soit dans la partie nord-ouest de l'État de New York. Magnifique région! C'était vraiment super d'être dans le même studio où les Flaming Lips et MGMT ont enregistré. Les journées de travail étaient longues, mais plus relaxes que je ne l'aurais cru. L'album précédent avait été créé au studio Piccolo à Montréal, les horaires y étaient stricts, la façon de faire presque à l'opposé...»

Tim D'eon retient surtout la souplesse de la méthode de travail ayant conduit Wintersleep à de fort bons résultats :

« Nous étions au milieu des bois et nous avions beaucoup de matériel à notre disposition, beaucoup de claviers vintage, toutes sortes de synthétiseurs, des instruments auxquels nous n'aurions pas eu accès d'ordinaire. Qui plus est, nous vivions au-dessus du studio. On se levait, on travaillait, il n'y avait pas d'horaires stricts. On croisait d'autres artistes qui y enregistraient, c'était convivial. Approche un peu hippie? Oui, je dirais! »

Ainsi donc, Osheaga sera la première occasion pour Wintersleep de jouer à Montréal depuis la sortie de l'album.

«Bien sûr, on l'a répété un million de fois au coin de la rue», rappelle Tim D'eon, sourire en coin, avant que Paul Murphy relate l'itinéraire de la tournée entreprise il y a quelques semaines déjà: «Nous sommes partis de LA jusqu'à New York en passant par certaines localités au Canada (régions de Calgary et Edmonton). Pendant ce mois, nous avons surtout tourné dans les clubs, en fait. Pour un premier cycle, c'est ainsi.»

«Nous reprendrons la route l'automne prochain, annonce Tim D'eon avant de dire au revoir. Nous serons surtout en Europe. Ça marche assez bien là-bas, un peu moins en France (rires relaxes). Où qu'on soit, c'est toujours bien de jouer le contenu d'un nouvel album bien qu'il soit difficile de conclure ici à un point tournant. Comme dans les cas précédents, nous avons grandi.»

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Dans le cadre d'Osheaga, Wintersleep se produit vendredi, 19h30, scène des Arbres.