Après deux semaines, le FTA se termine jeudi soir. Le dernier rendez-vous de son volet théâtre, Isolde, est une création de Richard Maxwell, metteur en scène et directeur du New York City Players, qu'on a pu voir à Montréal en 2001 et 2011, respectivement avec House et Neutral Hero.

Le créateur propose cette fois une relecture très très libre de Tristan et Iseult. Ce mythe celtique qui raconte un triangle amoureux est devenu, au fil des siècles, le symbole que l'amour est plus fort que la vie et la mort... 

La scène se passe dans une maison de campagne, près d'un lac, où habitent une actrice (Isolde, interprétée par Tory Vasquez) et son mari, un entrepreneur en construction (Jim Fletcher). Le décor très dépouillé suggère que la maison est en rénovation. Effectivement, le couple a fait appel à un jeune architecte reconnu (Chris Sullivan), afin de réaliser le projet de «la maison de rêve» d'Isolde. 

Entre la vision de l'entrepreneur pragmatique (qui paie la note) et celle de l'artiste idéaliste (qui tarde à livrer la marchandise), il y a un fossé qu'Isolde va contribuer à agrandir. L'actrice aura une aventure avec l'architecte, idylle que son mari feint d'ignorer. Il faut dire que l'actrice mélancolique a aussi un problème de mémoire. Elle ne parvient plus à mémoriser ses textes; et elle doit jouer prochainement dans une pièce. 

Le paradoxe du comédien

Avec Isolde, Richard Maxwell rend un curieux hommage au théâtre et au métier d'interprètes. Avec un jeu distancié, loin du réalisme psychologique, la proposition est remplie d'autodérision; au point où plusieurs spectateurs, mardi soir, éclataient de rire pour un oui pour un non. Misère! Car l'exercice n'a rien d'une partie de plaisir. Richard Maxwell déstabilise ainsi ses acteurs pour les libérer des conventions rigides du théâtre, pour ne pas qu'ils «fassent-semblant». L'homme de théâtre expose le paradoxe du comédien, ce «menteur» qui joue la comédie et cherche l'authenticité.

La pièce expose des conceptions de l'art aux antipodes. L'efficacité et la fonctionnalité sont-elles plus valables que la beauté esthétique et le désir de perfection? Le talent est-il un don ou le résultat d'un travail ardu? 

Ces questions sont abordées en amont. Plus on avance dans la représentation, plus la part tragique du mythe des amants exaltés devient au centre de l'oeuvre. On a écrit que le récit de Tristan et Iseult reflète, à l'instar de Roméo et Juliette, «un secret besoin de malheur existant chez tout être humain»... Cette mélancolie semble paralyser les trois protagonistes de la pièce.

Sans être une pièce aboutie, avec humour et recul, Isolde a le mérite d'explorer ces pistes. 

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Isolde de et mise en scène par Richard Maxwell. À la Maison-Théâtre, jusqu'au 4 juin. Dans le cadre du Festival TransAmériques.