Karnival v.3 - Poirier & Kode9 au Club Soda  

Quel gaspillage! L'affiche était costaude, mais mal logée un lundi soir, l'infâme début de semaine de travail. Forcément, il n'y avait pas foule - c'était même désolant de voir à peine deux douzaines de mordus au Club Soda, lorsque Poirier et Face-T ont pris le contrôle du système de son.  

Ça s'est rempli en cours de soirée, mais disons qu'on a loupé une belle occasion de faire entendre le meilleur selector de Montréal, puis de Londres - Kode9, l'influent patron du label Hyperdub.

Poirier avait arrimé sa performance à l'esprit de celle de Kode9 qui a suivi: moins dancehall/soca qu'à l'habitude, très électronique dans sa facture, farcie de pièces inédites et de remix exclusifs préparés pour la troisième édition de sa soirée Karnival. Une véritable bombe; Poirier a offert l'une de ses meilleures performances qu'il nous ait été donné d'entendre (et de danser dessus). Les absents ont eu tort, et nous sommes forcés d'affirmer que les programmations du festival aussi, un peu...

Quant à Kode9, disons d'emblée que ce n'est pas le meilleur DJ (au sens technique du terme) de la scène dubstep/garage, mais sa sélection musicale vaut à elle seule l'attente. À 1h30, il a pris le relais de Poirier, enfilant une goûteuse et très rythmée pile de chansons toutes fraîches, souvent inédites.

Peut-être poussé par le Montréalais qui précédait, le Britannique a soutenu un tempo rapide pendant les premières 45 minutes, allant même surprendre avec des titres garages aux rythmes semblables à la samba brésilienne. Sa performance a pris un virage plus intéressant lorsqu'il a ralenti le rythme pour glisser des titres plus langoureux et gavés de basses fréquences - qu'on n'entendait d'ailleurs pas assez creuses à notre goût, en dépit des haut-parleurs qu'on avait ajoutés à l'arrière du parterre.

!!! au Club Soda

Enfin, une soirée Le groupe américain !!! était visiblement attendu par les mélomanes avertis, qui faisaient la file sur la Main avant les coups de minuit.

Le groupe s'est un peu fait attendre, montant sur scène avec une vingtaine de minutes de retard, mais lorsque le chanteur Nic Offer a signalé le départ, les gens ont dansé jusqu'à la dernière chanson... qui est arrivée un peu trop tôt au goût des fans, après seulement une petite heure de musique.

La moitié (ou presque) du programme de l'orchestre dance-punk était consacré à Strange Weather, Isn't it?, l'album à paraître. !!! a donné une bonne performance, mais sans grand éclat - pas la meilleure qu'on ait vu du groupe, peut-être à cause des quelques pépins sonores qui ont brouillé le cours de la soirée, du micro d'Offer (un chanteur aussi atypique que ses pas de danse, doublé d'une attitude un peu suffisante, si vous permettez le commentaire...) qui faisait des siennes, jusqu'au séquenceur qui décide de planter à la quatrième chanson. Au moins, le Soda avait retrouvé, l'espace d'une heure, l'ambiance de fin de soirée qui a parfois fait défaut à la série.

Dan Thouin et ses musiciens (et les volontaires) au L'Astral

On dirait bien que le FIJM va réussir son pari de faire des jams sessions, menées par le pianiste/claviériste et compositeur Dan Thouin, un rendez-vous de fin de soirée couru. L'affaire était cependant loin d'être dans la poche...

Pour un tas de raisons valables que me détaillait le sympathique Thouin en début de festival, on a décidé que les jams sessions déménageaient à l'Astral cette année, dès minuit, remplaçant ainsi l'ancien rendez-vous blues gratuit qui animait le Spectrum à la belle époque.

Bref, notre première visite à l'Astral n'était pas convaincante. Pas beaucoup d'âme dans cette salle à moitié pleine, ce qui n'a pas démonté l'orchestre. En fait, dès que les gens discutaient trop fort, on pouvait entendre les « chhhhuuut! » de ceux qui écoutaient silencieusement. Pas très accueillant comme endroit pour prendre un dernier verre.

Ça a changé depuis. Pas mal, en plus, comme nous l'avons constaté hier soir. L'Astral était bondé. Les gens discutaient, s'amusaient, le bar à l'entrée paraissait occupé. Sur scène, Thouin et ses collègues fournissaient l'ambiance musicale; au bout de quelques morceaux, le pianiste jette un oeil par dessus son épaule, pour voir si un musicien avait envie de se joindre au groupe. Jeudi, c'est le pianiste Steve Amirault qui a chauffé le banc. Il a même chanté une version réarrangée du Moon River de Mancini. Plusieurs autres musiciens, d'ici ou de passage, sont venu égayer les fins de soirée du jazz à l'Astral - on raconte que des membres du projet Jazz Mafia y sont venus deux soirs.

On vous le recommande.