Avis aux amateurs d'électro qui n'en peuvent plus de supporter le déficit d'attention chronique pendant les concerts: le 12e festival Akousma s'inscrit en faux contre cette tendance.

«On ramène ces musiques dans de vraies conditions de concert, prévient Louis Dufort, compositeur et directeur artistique du festival. Les gens se présentent à l'heure et écoutent attentivement les oeuvres diffusées par un orchestre de haut-parleurs de très grande qualité. Certains artistes tombent des nues, car ils diffusent pour la première fois leurs oeuvres dans de telles conditions.»

Louis Dufort résume l'ADN des quatre soirées du festival.

Fréquences pulsées

28 octobre, Usine C

«Le Québécois Nicolas Bernier présente son oeuvre Frequencies, construite en courtes séquences sonores et lumineuses organisées et traitées en temps réel. L'Américain Benjamin Thigpen travaille beaucoup avec des synthés modulaires et préconise une approche bruitiste... Assez éclaté ! Le Canadien Scant Intone fait plus dans le drone et l'électro maximaliste... très riche. Le duo québécois Bédard-Breault et le Mexicain Fernando AF Murillo optent pour l'acousmatique: leurs musiques sont conçues préalablement et spatialisées avec notre orchestre de haut-parleurs afin que leur expressivité soit maximisée. Enfin, le Québécois Xavier Madore présente son Récit d'un presqu'aller-retour

Cristaux bruités

29 octobre, Usine C

«C'est notre soirée wall of sound! Le Japonais Junya Oikawa y propose une sorte d'origami audio, extrêmement précis, délicat, dynamique... et ça a aussi des couilles! Le Québécois Jesse Osborne-Lanthier, un expatrié de Montréal qui réside à Berlin, présente une oeuvre acousmatique à Akousma, ce qu'il ne fait pas d'ordinaire. L'approche de l'Australien John Chantler est très organique et aussi très bruitiste, mais comporte plein de microdétails au sein de sa façade sonore. Le Québécois Dominic Thibault a fait des études en Angleterre et rentre chez lui avec une pièce qui explore le son de synthèse en tant que tel, comme si ce son artificiel était un matériau pour la musique concrète.»

Vents oscillés

30 octobre, Usine C

«Nous avons deux duos ce soir-là : les Montréalaises Ida Toninato (saxophone) et Ana Dall'Ara Majek (électroacoustique) forment Jane & Kin, alors que Golden Retriever est constitué des Américains Matt Carlson (synthétiseur modulaire) et Jonathan Sielaff (clarinette basse). Les deux équipes jouent leur musique en temps réel. Reconnu mondialement, le Néerlandais Thomas Ankersmit utilise les vieux synthétiseurs modulaires mais en fait quelque chose de très bien. Connu pour sa participation au duo Pan Sonic, le Finlandais Ilpo Väisänen s'inscrit dans la même mouvance que son collègue des Pays-Bas.»

Champs modulés

31 octobre, Usine C

«John Rea est le compositeur à qui la Société de musique contemporaine du Québec rend hommage cette année. C'est pourquoi nous avons jugé pertinent de présenter ses deux pièces électroacoustiques composées en 1968. La Montréalaise Roxanne Turcotte, qui vient de signer un nouvel album, présentera chez nous une oeuvre très originale. Le duo que forment George (Forget) et Martin (Bédard) se réclame du hardcore acousmatique, mais vient se mettre en danger avec une performance en temps réel. J'adore ce que fait le Sicilien Valerio Tricoli, magnifique cinéma pour l'oreille ; il utilise notamment le bon vieux magnétophone à bandes Revox B77 en tant qu'échantillonneur de sons captés en direct. À ceux qui l'ont raté au dernier Mutek, Martin Messier revient présenter Field, une très belle mise en scène d'oeuvres sonores manipulées en direct.»