Le jour de notre entretien, Johanna et Klara Söderberg profitent d'une pause quelque part en Virginie, entre deux journées de spectacles. « Notre chauffeur peut se reposer, lance Klara. Nous tournons depuis six ans, mais nous avons notre propre camion de tournée depuis un an seulement. Le fait de pouvoir dormir sur la route, c'est un gros luxe pour nous. »

First Aid Kit a lancé il y a un an son troisième album, Stay Gold, réalisé par Mike Mogis. Ses ritournelles folk-country aux doux raccourcis pop ont un parfum classique et un son de studio irréprochable typiquement suédois.

« Après un an à les chanter, tu as envie d'en écrire de nouvelles. C'est le cycle normal de la création et c'est une bonne chose. Tu restes fière de ce que tu as fait, mais tu veux te renouveler », indique Klara Söderberg avec la franchise et le ton direct propres aux musiciens scandinaves.

À une époque où le format de l'album perd de sa valeur, Stay Gold atteint un haut niveau de cohésion. Tout se tient merveilleusement bien : le son, les arrangements, ainsi que l'enchaînement et le ton des pièces.

L'INTÉGRITÉ DU COUNTRY

Klara Söderberg écoute de la musique country depuis l'âge de 12 ans. « J'aime le son chaleureux, l'honnêteté des textes... cela m'a interpellée à un âge où je cherchais qui j'étais dans le monde. »

PHOTO JIM ROSS, ARCHIVES INVISION/ASSOCIATED PRESS

Sur la page Facebook de First Aid Kit, les soeurs Söderberg prennent la pose avec des frères d'esprit, dont Jeff Tweedy de Wilco et leur compatriote de The Tallest Man On Earth. En 2012, elles ont par ailleurs fait parler d'elles avec leur reprise de Tiger Mountain Peasant Song de Fleet Foxes, mise en ligne sur YouTube.

Leurs visages ont franchi l'âge adulte depuis, mais la beauté de leurs harmonies vocales est demeurée intacte.

Pour la petite histoire, Klara Söderberg a écrit sa première chanson à un très jeune âge. « Le titre était Fifteen Miles in My Barbie Car », raconte-t-elle avec modestie.

Johanna, 24 ans, et Klara Söderberg, de deux ans sa cadette, ont grandi en banlieue de Stockholm. Leur père jouait de la guitare au sein du groupe Lolita Pop. Les deux fillettes baignaient dans la musique et chantaient ensemble régulièrement, sans savoir qu'elles allaient un jour assurer la première partie de Jack White et récolter des louanges de Paul Simon.

MODÈLES FÉMININS

Le monde est petit, dit-on. Surtout en Suède. Klara Söderberg a rencontré les membres du groupe Bright Eyes quand elle avait 12 ans.

Un jour, les soeurs Söderberg ont mis des chansons en ligne sur MySpace, puis les radios commerciales suédoises ont joué en forte rotation celle appelée Tangerine. « Nous étions voisins de Karin Dreijer Andersson, la moitié du [défunt] duo The Knife, puis le tandem nous a fait signer avec son label Rabid Records. »

Après trois albums, Johanna et Klara Söderberg mènent des carrières enviables. Sans en être dupes, elles sont devenues des modèles de femmes fortes et indépendantes dans le monde très sexué de la musique.

« Notre mère a toujours parlé de féminisme et du fait que les genres sont inégaux, souligne Klara. Mais c'est difficile pour des musiciennes comme nous de ne pas penser du tout à notre image. Comme femmes, nous sommes conditionnées à prendre soin de notre apparence. C'est bizarre pour moi de pouvoir jouer un rôle auprès des jeunes filles, mais je me réjouis si on peut les inciter à agir comme bon leur semble. »

Le prochain album ? Pas pour tout de suite. Les soeurs Söderberg veulent préserver un sain équilibre de vie. « Le groupe est notre vie depuis huit ans. Nous avons besoin de prendre du recul pour un moment. Et c'est là que nous allons être naturellement créatives. »

Franchise, quand tu nous tiens.

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Sur la scène de la Vallée dimanche, 17 h 40, dans le cadre du festival Osheaga