Pas question pour les fournisseurs d'accès internet de verser des cotisations qui serviraient au financement du contenu canadien sur le web. Ils ont rejeté cette idée, défendue par plusieurs, avec fougue, hier, lors des audiences du CRTC sur les nouveaux médias, à Gatineau.

La réaction de Rogers, Cogeco et Shaw à ce qu'ils ont qualifié de «taxe internet» a été catégorique. «Il n'y a pas de problème à régler. Personne n'a démontré qu'il y avait un manque de contenu canadien sur l'internet», a plaidé Jim Shaw, le chef de la direction de Shaw Communications.

 

Selon les fournisseurs d'accès internet, le CRTC n'a pas même le droit, en vertu de la loi, d'exiger une forme de taxe ou de cotisation. Lors d'un échange animé avec Jim Shaw, le président du CRTC, Konrad Von Finckenstein, a répliqué qu'il pourrait très bien exiger une telle contribution des fournisseurs internet, tout comme il demande aux câblodistributeurs de verser des redevances au Fonds canadien de télévision. M. Von Finckenstein a précisé qu'il ne voulait pas nécessairement réglementer l'internet, mais favoriser le développement de contenu canadien sur le web.

En entrevue avec La Presse, Yves Mayrand, vice-président aux affaires d'entreprise de Cogeco Câble, a expliqué qu'il ne voyait pas pourquoi un client qui ne fait que prendre ses courriels et régler ses factures sur le web devrait indirectement payer pour le développement d'émissions de télé en ligne. «C'est une sous-composition de tout ce qu'on peut faire sur l'internet, indique-t-il. C'est un service extrêmement polyvalent.»

«Les fournisseurs d'accès internet sont des entreprises qui assurent une connexion à l'internet, sans aucun pouvoir sur le contenu, poursuit M. Mayrand. Il y a une confusion des rôles qui est inacceptable.»

De leur côté, les regroupements d'artistes croient que tous les intervenants doivent contribuer au développement des nouveaux médias, y compris les fournisseurs internet.

«Si le contenant fait de l'argent, il faudrait que le contenu soit mis à contribution pour refléter les valeurs canadiennes», soutient Raymond Legault, président de l'Union des artistes (UDA).

Lundi, le ministère ontarien de la Culture avait aussi demandé que les fournisseurs d'accès internet soient appelés à contribuer financièrement au développement du contenu.

Aujourd'hui, ce sera à Vidéotron de se faire entendre devant le CRTC. Ses revendications iront dans le même sens que ses compétiteurs.

Le Fonds des médias

Par ailleurs, l'UDA et la SARTEC (Société des auteurs de radio, télévision et cinéma) s'inquiètent du fait que Radio-Canada perdra sa part garantie de 37 % du Fonds pour la télévision d'État, qui deviendra le Fonds des médias le 1er avril 2010, comme l'a annoncé lundi le ministre du Patrimoine James Moore

Les deux groupes remettent également en question le fait que le conseil d'administration du nouveau Fonds sera formé de cinq représentants des câblodistributeurs et de deux autres membres nommés par le gouvernement.

Raymond Legault déplore l'absence de producteur indépendant au sein du conseil. Il craint également que la course aux cotes d'écoute nuise à la diversité de l'offre télévisuelle.

«Tout dépend de la manière dont sera administré ce fonds-là», conclut le président de l'UDA.

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Avec La Presse Canadienne