Citérémis a été fidèle à son logo d'entreprise depuis trois ans, un drakkar qui lutte contre vents et marées pour arriver à bon port. Sa première cargaison, le jeu vidéo Aztaka, a débouché sur le marché dans sa version anglaise il y a trois mois. Pour aussitôt prendre le large virtuel. Et le courant est rapide, constate le président et fondateur de l'entreprise sherbrookoise, Jonathan Mercier: le jeu d'action et de rôles a déjà amarré sur PC au Japon et aux Émirats arabes unis, notamment.

Et l'aventure ne fait que commencer. La traduction française d'Aztaka a été lancée il y a deux semaines. Un éditeur russe vient de grimper à bord du projet. Et la communauté qui se greffe à bâbord comme à tribord s'affaire à ajouter l'allemand et l'espagnol aux options de jeu.«On se sent sur une petite planète quand on voit ça, tout va si vite avec internet, constate le jeune capitaine. Il va sans dire qu'on est très contents.»

D'autant plus que les critiques sont élogieuses à l'égard du travail de l'équipage de cinq personnes qui ont bossé sur Aztaka. Ce jeu «apporte une bouffée de fraîcheur à une industrie qui a oublié ce que l'originalité veut dire», a récemment écrit RPG France sur son site internet.

Citérémis a en ce sens voulu faire converger les succès du passé et les possibilités technologiques d'aujourd'hui. «Le jeu est en 2D, donc à défilement horizontal, comme le premier Mario Bros, illustre Jonathan Mercier. Après le gros virage 3D des années 1990, nous avons voulu revenir à quelque chose de plus simple, tout en mettant à profit les technologies actuelles, dont les cartes graphiques 3D. La résolution et la qualité graphique du jeu sont donc excellentes.»

Disponible pour téléchargement en ligne - sur le site de Citérémis ou sur celui d'un de ses trois distributeurs américains et suédois (Impulse, Direct2Drive et GamersGate) -, Aztaka propulse le joueur au Mexique, en l'an 1328, dans le rôle de Huitzilo, un demi-dieu devant rétablir l'équilibre entre le bien et le mal, tout en aidant son peuple.

Dans son désir de voguer à contre-courant des modes, dont celle de la musique générée par ordinateur, Citérémis propose avec Aztaka une trame sonore enregistrée live, notamment à la cathédrale Saint-Michel de Sherbrooke, d'après une création exclusive du compositeur estrien Marc O'Reilly.

Du français au russe

Pour Jonathan Mercier, la production d'une version française d'Aztaka était inévitable.

«Étant Québécois, c'était un devoir pour moi, et ce n'était pas de gros coûts ni en temps ni en argent», fait-il valoir en mentionnant que des prêts de Téléfilm Canada et d'Innovation et Développement économique Sherbrooke (IDES) ont notamment contribué à gonfler les voiles tout au long du projet.

En travaillant à la traduction, celui qui a acquis son expérience en programmation en Californie puis à Montréal avant de rentrer au bercail - il est originaire de Saint-Georges-de-Windsor - en a profité pour rendre le jeu encore plus accessible, d'après les commentaires émis par les joueurs.

Grâce à son éditeur russe, qui s'occupera à la fois de la publicité et de la distribution en Russie ainsi que dans les pays de l'ex-URSS, Citérémis verra sa création prendre une nouvelle dimension. Aztaka se retrouvera en effet en magasins, et non plus simplement en ligne.

Pour un studio de développement de jeux vidéo indépendant, c'est ce qui s'appelle voguer vers le succès. Un premier. Car le président de Citérémis entend mettre le cap sur bien d'autres projets.

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