Le président sénégalais Abdoulaye Wade dénonce les «promesses» non tenues par l'UE, la Banque mondiale et les grands groupes informatiques pour réduire la fracture numérique nord-sud, dans un entretien publié mardi en France à l'issue d'un forum international sur la question.

«On a dépensé beaucoup d'argent en voyages et en conférences, mais les financements sont trop faibles, tardent à venir ou ne sont pas honorés; il faut cesser de courir après les promesses», déclare M. Wade, se disant «en colère» dans cet entretien publié par le quotidien Libération à l'issue de la première conférence internationale sur la solidarité numérique, qui s'est tenue à Lyon (centre-est).

«Toutes ces conférences, ça suffit, la Banque mondiale nous avait promis 1 milliard de dollars US pour le numérique, on les attend toujours», dit-il.

«Dix-sept pays ont participé (au Fonds mondial de solidarité numérique lancé en 2005 à l'initiative du Sénégal, ndlr) à travers des cotisations qui s'élèvent à 300 000 euros par an, mais à part la France, personne n'a contribué dans l'Union européenne. Trop peu de pays, et quasi aucune entreprise, ont répondu à notre appel», ajoute-t-il.

«Bill Gates a compris que l'Afrique était un grand marché numérique et nous avait promis des logiciels d'éducation pour nos professeurs», dit M. Wade.

Or, «le numérique est capital pour nos pays dans la mesure où c'est un levier transversal puissant pour résoudre l'ensemble des problèmes liés au développement», souligne le président sénégalais.

Il estime qu'il faut «créer d'urgence des filières massives de recyclage d'ordinateurs pour les pays du sud», avec pour objectif la fourniture de «500 millions d'ordinateurs en cinq ans, dont 500 000 venant d'Europe».

Les entreprises du secteur «doivent nous aider à collecter des ordinateurs et pourraient, par exemple, financer leur transport», suggère-t-il.

Le Fonds mondial de solidarité numérique compte 28 membres fondateurs, dont 18 états comme la France et le Sénégal. Il a financé depuis 2005 une vingtaine de projets pour un montant de 900 000 euros.