Du polonium 210, substance à l'origine de la mort à Londres de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko, est «en vente libre sur internet» pour les résidents aux États-Unis, indique jeudi un organisme français.

Du polonium 210, substance à l'origine de la mort à Londres de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko, est «en vente libre sur internet» pour les résidents aux États-Unis, indique jeudi un organisme français.

«Toute personne résidant aux États-Unis et disposant de 69 dollars peut aller sur le site de la société United Nuclear Scientific Supplies, et acheter une source de 3700 becquerels (Bq) de polonium 210», déclare la Commission française de recherche et d'information indépendantes sur la radioactivité (Criirad) dans un communiqué.

«Aucun justificatif n'est demandé, tout est fait pour faciliter l'achat», souligne la Criirad.

L'ex-agent secret russe Alexandre Litvinenko, 43 ans, est décédé après trois semaines d'agonie le 23 novembre à Londres d'un empoisonnement au polonium 210, substance hautement radioactive.

Selon l'association, la société qui met en vente du polonium 210 sur internet aux États-Unis «précise que cette vente est légale puisque l'activité des sources radioactives en vente libre est inférieure aux seuils d'exemption fixés par la NRC (Nuclear Regulatory Commission)», l'agence américaine de régulation en matière nucléaire.

United Nuclear précise sur son site qu'il faudrait «15 000 achats de ses doses de polonium 210, soit un coût d'environ un million de dollars, pour avoir une quantité toxique». Par ailleurs, «un achat de 15 000 doses soulèverait des suspicions étant donné que nous n'en vendons que une ou 2 tous les trois mois», écrit-elle.

La Criirad, a souligné dans un entretien téléphonique sa directrice, Mme Corinne Castanier, a voulu «alerter» sur un problème de mauvaise information officielle concernant le polonium 210.

«Si une personne ingère 3700 becquerels (ou 10 doses achetées sur internet), elle ne va pas présenter de symptômes dès le lendemain : le problème, c'est une augmentation très importante de son risque de déclencher des cancers ou de provoquer des maladies génétiques à un enfant dans le cas de rapports sexuels» alors qu'on est contaminé, souligne-t-elle.

L'association demande «la révision à la baisse des seuils d'exemption» à partir desquels la radioactivité est considérée comme nocive, et «l'interdiction de la vente libre des sources radioactives en général et du polonium 210 en particulier».