Un nerd à lunettes accro à son ordinateur et incapable du moindre contact social. Le stéréotype d'un travailleur dans l'industrie des technologies de l'information (TI) n'est guère flatteur.

Les entreprises en TI veulent lutter contre ces préjugés qui les privent de milliers de nouveaux employés chaque année dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre.

Leur prochaine campagne de recrutement sera bâtie en fonction d'un seul objectif: éloigner les nerds de leur milieu de travail. «Nous ne voulons pas de nouveaux geeks», dit David Ticoll, directeur exécutif de la Coalition canadienne pour une relève en technologies de l'information, un organisme créé par Bell Canada en 2007.

 

La Coalition regroupe aujourd'hui une soixantaine de membres, des employeurs comme des universitaires du milieu des TI.

La Coalition milite pour la création d'une nouvelle profession hybride entre la gestion et les technologies de l'information. David Ticoll souhaite que le Canada s'inspire de l'Angleterre, qui a créé des programmes universitaires en gestion des technologies de l'information. «Seulement le quart des cours portent sur les technologies de l'information, dit-il. Le reste des cours traitent d'administration, de leadership, de gestion de projets.»

150 000 emplois

La Coalition prévoit que l'industrie des TI aura besoin de 150 000 nouveaux emplois au cours des huit prochaines années. Malgré cette manne de nouveaux emplois, David Ticoll prévoit le déclin des geeks traditionnels.

Ceux-ci seront remplacés peu à peu par des diplômés polyvalents qui ont des connaissances autant en gestion qu'en TI.

«Il y a un paradoxe dans notre industrie, dit David Ticoll. Les gens qui étudient seulement en technologies de l'information ont parfois de la misère à se trouver un emploi. En même temps, les employeurs manquent de personnes qui comprennent à la fois les technologies de l'information et le monde des affaires. Nous avons un besoin urgent de cette dernière catégorie de gens.»

Les difficultés de recrutement du secteur de TI ne se résument pas seulement à un problème d'image. Jadis considérés comme un domaine d'avenir, les TI font aujourd'hui partie de notre vie quotidienne.

«Les TI ne sont plus glamour, dit David Ticoll. Les jeunes sont sur Facebook à longueur de journée. Les TI ne sont plus un domaine d'études unique comme autrefois. Les jeunes préfèrent aussi peut-être des carrières plus stables comme la médecine et l'ingénierie. En technologies de l'information, il est aussi difficile de prévoir notre environnement de travail à long terme.»

Stimuler la relève

Afin de stimuler sa relève, la Coalition lancera une semaine nationale des technologies de l'information en novembre 2009 dans cinq villes du Canada, dont Montréal.

L'objectif est de faire connaître les technologies de l'information aux étudiants des écoles secondaires et des cégeps du pays qui choisiront bientôt leur avenir professionnel.

Les besoins immédiats

La Coalition estime les besoins immédiats de l'industrie à 20 000 nouveaux employés par année - sauf peut-être l'an prochain alors le ralentissement économique modérera l'appétit des entreprises. «Les étudiants du secondaire qui choisissent leur carrière ne doivent pas s'inquiéter avec la récession, dit David Ticoll. Quand ils gradueront, la récession ne sera qu'un lointain souvenir. Nous serons dans une économie du savoir où leurs connaissances en TI et en affaires seront très en demande.»