Après avoir vu la valeur de son investissement dans Alstom fondre comme neige au soleil, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) estime qu’un coup de barre s’imposait au sein du géant français du matériel roulant toujours en crise.

Propriétaire de Bombardier Transport depuis janvier 2021, la multinationale française a une fois de plus été secouée en Bourse, mercredi, malgré l’annonce d’un plan de désendettement, l’élimination de 1500 emplois à travers le monde et une possible émission d’actions afin de renflouer ses coffres.

La restructuration touche également le sommet de l’entreprise, puisque l’actuel président-directeur général Henri Poupart-Lafarge, en poste depuis février 2016, verra son rôle réduit à compter de juillet 2024. Il conservera ses fonctions de directeur général, mais il ne dirigera plus le conseil d’administration, un mandat qui sera confié à l’ex-directeur général de Safran Philippe Petitcolin.

PHOTO FRANÇOIS LO PRESTI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Henri Poupart-Lafarge

« Alstom a entrepris un plan d’action nécessaire, tant sur le plan opérationnel que financier, souligne Kate Monfette, porte-parole de la CDPQ, dans une déclaration. Nous saluons également l’ensemble des mesures prises pour rehausser la gouvernance. »

La porte-parole n’a pas voulu dire si la Caisse avait spécifiquement exigé des changements aux commandes chez Alstom.

L’entreprise est malmenée à la Bourse de Paris depuis un peu plus d’un mois. Elle s’attend notamment à afficher un trou d’environ 1 milliard CAN dans ses réserves en raison, notamment, d’importants contrats qui lui donnent toujours des maux de tête.

Alstom espère redonner du lustre à ses résultats en réduisant sa dette de 2 milliards d’euros (3 milliards CAN) d’ici mars 2025. Elle s’élève actuellement à 3,4 milliards d’euros (5 milliards CAN). Pour y parvenir, le constructeur de trains et de matériel roulant prévoit des ventes d’actifs dans l’espoir de récolter jusqu’à 1 milliard d’euros (1,5 milliard CAN). On sabrera également 1500 postes administratifs à travers le monde.

« Nous mettons en œuvre un plan d’action global », notamment pour rassurer les agences de notation et respecter « nos objectifs à moyen terme », a affirmé M. Poupart-Lafarge.

Dégringolade

Le numéro deux mondial du matériel roulant a visiblement du pain sur la planche avant de regagner la confiance des investisseurs. Ces derniers étaient toujours sceptiques, mercredi. Malgré l’annonce d’un plan de redressement, le titre de l’entreprise a abandonné 15 % à la Bourse de Paris, mercredi, pour clôturer à 12,04 euros.

Depuis le début de l’année, le plongeon boursier est de 48,5 %.

Cette débâcle boursière a d’importantes répercussions sur la valeur du placement que détient la CDPQ dans le géant français. Il s’est effondré d’environ 70 %, ou 2,9 milliards CAN, depuis le 29 janvier 2021, lorsque la multinationale a officiellement mis la main sur Bombardier Transport.

Le bas de laine des Québécois, qui détenait environ le tiers de Bombardier Transport, avait converti sa participation dans Alstom en plus de lui acheter des actions à un prix de 40,67 euros. L’investissement était alors estimé à 4,1 milliards CAN. Mercredi, le bloc d’actions détenu par le gestionnaire québécois de régime de retraite – plus important actionnaire d’Alstom avec une participation de 17,2 % – ne valait que 1,2 milliard CAN.

Nous appuyons ce plan [présenté mercredi] et allons suivre son exécution avec attention.

Kate Monfette, porte-parole de la CDPQ

Il n’a pas été possible de savoir si le couperet allait tomber au Québec, où Alstom compte 2100 employés, dont 950 à ses installations de Saint-Bruno-de-Montarville, où se trouve le siège social des Amériques de l’entreprise.

Un porte-parole, Adrien Vernhes, affirme qu’il est « trop tôt » pour répondre à cette question.

« Des discussions auront lieu au cours des prochaines semaines avec chacune des principales régions d’Alstom sur les mesures à prendre pour répondre aux orientations générales annoncées au niveau du groupe », écrit-il, dans un courriel.

Avec l’Agence France-Presse

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    Nombre d’administrateurs nommés par la CDPQ au conseil d’administration d’Alstom
    Source : Caisse de dépôt et placement du Québec