Alors que le secteur des énergies renouvelables traverse une période difficile à la Bourse, la Caisse de dépôt et placement du Québec vient à nouveau de dégager des dizaines de millions pour acheter massivement des actions de Boralex sur le marché libre.

Après avoir acheté pour près de 50 millions de dollars d’actions du producteur québécois d’énergie renouvelable l’été dernier, la Caisse en a acheté pour presque autant de millions supplémentaires en octobre.

Le plus gros investisseur institutionnel au Québec a acheté un total de 1,4 million d’actions de Boralex du 10 au 25 octobre. La Caisse avait aussi acheté 1,4 million d’actions sur le marché entre la mi-juillet et le 1er septembre.

La Caisse a notamment acheté 301 500 actions durant la seule séance du 20 octobre, selon ce qu’indique un document déposé vendredi auprès des autorités boursières.

Si la Caisse avait principalement acheté ses actions de Boralex entre 31 $ et 35 $ pièce l’été dernier, elle a payé des prix aussi bas que 25,50 $ l’action le mois dernier pour bonifier son placement.

Le document réglementaire venant d’être déposé précise que la Caisse a commencé le mois de novembre avec une participation de 15,3 % dans Boralex. Il s’agit d’une hausse significative puisqu’elle s’élevait à environ 13 % en début d’année.

Principal actionnaire de Boralex, la Caisse détenait 15,7 millions d’actions de l’entreprise en date du 1er novembre.

Si le secteur de l’énergie propre avait la cote auprès des investisseurs il y a deux ans, les choses ont beaucoup changé.

Le titre de Boralex vaut aujourd’hui 28 $ alors qu’il s’échangeait à plus de 55 $ en janvier 2021. L’action d’Innergex – un autre producteur québécois – a elle aussi touché son sommet en 2021, mais a depuis perdu 70 % de sa valeur.

Le fonds négocié en Bourse Invesco WilderHill Clean Energy – une référence pour prendre le pouls du secteur de l’énergie propre sur le marché – est en baisse d’environ 30 % cette année, ce qui est semblable à la performance boursière de Boralex en 2023.

Obstacle

L’augmentation des coûts de financement est un obstacle important pour Boralex et ses ambitions de croissance (nouveaux projets et ceux en construction ou prêts à construire).

Pour se protéger et maintenir des rendements acceptables sur ses projets, Boralex doit transférer les hausses de coûts à ses clients en exigeant des prix plus élevés lors de la signature de contrats d’approvisionnement en électricité.

Le grand patron de Boralex, Patrick Decostre, demeure confiant envers les perspectives dans le contexte actuel et futur de lutte contre les changements climatiques.

« La demande est plus forte que jamais, notamment grâce à l’engagement des États à réduire leur empreinte carbone et à la compétitivité des énergies renouvelables par rapport à d’autres formes de production », soulignait-il jeudi dernier, au moment de la présentation de la plus récente performance financière trimestrielle de Boralex.

La Caisse de dépôt et placement affiche aussi sa confiance en ayant déboursé près de 100 millions de dollars depuis juillet pour acheter des actions de Boralex.

L’énergie renouvelable est un créneau dans lequel la Caisse aime investir et la relation avec Boralex ne date pas d’hier. L’investissement initial de la Caisse dans Boralex remonte à il y a plus de 20 ans.

« Nous sommes très présents dans le domaine de l’énergie renouvelable, et Boralex est un joueur incontournable dans ce secteur », souligne la porte-parole de la Caisse de dépôt Kate Monfette.

« L’entreprise québécoise, qui participe activement à la lutte contre les changements climatiques par sa croissance profitable et durable, a d’ailleurs plus que doublé sa puissance installée au cours des cinq dernières années à travers un portefeuille de projets dans l’éolien, le solaire et le stockage », ajoute-t-elle.