En attendant le début des travaux de sa méga-usine sur la Rive-Sud de Montréal, Northvolt obtient du financement de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), qui se positionne pour éventuellement devenir actionnaire du fabricant suédois de cellules de batteries.

Les 200 millions mis à la disposition de la jeune pousse sous forme d’un prêt convertible représentent le premier investissement d’envergure effectué par le bas de laine des Québécois dans le créneau de la filière des batteries pour véhicules électriques.

« Nous avons notamment créé un groupe de travail dédié au secteur de la batterie et avons été en contact avec une multitude d’acteurs importants, tant au Québec qu’à l’international, au cours de la dernière année », a affirmé la porte-parole de la Caisse, Kate Monfette, jeudi, dans une déclaration.

Cette somme devrait servir à financer le complexe québécois de Northvolt, annoncé en grande pompe en septembre dernier, dont la facture est estimée à 7 milliards. Québec et Ottawa financeront près de 3 milliards du projet en plus de subventionner la future production de cellules de batteries – la dernière étape avant l’assemblage des batteries – à hauteur de 4,6 milliards.

Le gestionnaire québécois de régimes de retraite est déjà actionnaire de Nouveau Monde Graphite, promoteur d’un projet de mine et d’usine de matériaux de batteries. À environ 2,5 millions, la valeur de cet investissement est beaucoup plus petite par rapport à ce qui a été offert à Northvolt.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Paolo Cerruti, cofondateur de Northvolt et chef de la direction de la division nord-américaine

« La CDPQ a contribué activement à l’arrivée de notre future usine au Québec », souligne le cofondateur de l’entreprise suédoise, Paolo Cerruti.

Fondée en 2015, Northvolt est valorisée à environ 12 milliards US. Pour financer ses ambitions des deux côtés de l’Atlantique, la jeune pousse envisagerait une entrée en Bourse l’an prochain. Ce scénario pourrait, par exemple, offrir une occasion à la Caisse de convertir son prêt en actions. Si ce scénario se concrétise et que le titre connaît une poussée dès son arrivée sur les marchés, cela jouerait en faveur de l’investissement de l’institution québécoise.

Vaste empreinte

En s’établissant sur l’ancien site de l’usine d’explosifs de la Canadian Industries Limited (CIL), qui chevauche les municipalités de McMasterville et de Saint-Basile-le-Grand, Northvolt viendra ajouter le chaînon manquant de la filière québécoise des batteries. Le terrain est d’une superficie de 170 hectares – environ 130 terrains de football.

Une cellule de batterie, qu’est-ce que c’est ?

Une batterie lithium-ion que l’on retrouve dans une voiture est en quelque sorte un assemblage d’unités de batterie individuelles, les cellules. Elles sont branchées en série par un circuit électronique. Le nombre et la taille de chaque cellule permettent de déterminer la quantité d’électricité qu’une batterie pour véhicule électrique est en mesure de stocker.

La première phase du complexe devrait exiger près de 200 mégawatts de puissance, soit environ la moitié d’une aluminerie. En principe, les travaux sur le terrain devraient débuter d’ici la fin de l’année. Northvolt veut aller vite.

Dans un document préparé par la firme d’ingénierie WSP qui se veut un complément à des formulaires de demande d’autorisation ministérielle, que La Presse a pu consulter, on indique que l’entreprise s’attendait à commencer la phase du « défrichage du terrain, remblayage des milieux humides et préparation du site » dès le mois d’octobre. Elle attend toutefois encore son autorisation.

Selon une analyse effectuée par Radio-Canada, il s’agit d’un délai très court. En moyenne, les promoteurs doivent patienter 15 mois, selon le diffuseur public.

« Il n’y a aucun passe-droit accordé à l’entreprise et elle collabore bien pour chacune des exigences, s’est défendu le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Pacs, Benoit Charette, jeudi, en marge d’une annonce économique effectuée à Montréal. La réglementation est respectée et on va souhaiter la réalisation de ce beau projet. »

À ses côtés, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a ajouté que son ministère « n’interfère pas » dans le processus.

Le document de 73 pages souligne que le vaste terrain a « repris un aspect naturel avec une végétation relativement dense » depuis la « cessation des activités industrielles ». La phase de décontamination du site s’était terminée en 2015. Depuis, une partie du site est boisée, tandis qu’une autre est « en friche avec une végétation à divers stades de succession ».

En savoir plus
  • 55 milliards US
    Valeur des ententes d’approvisionnement signées par Northvolt avec ses clients, selon l’entreprise
    SOURCE : northvolt