Un mois après avoir acheté des actions d’Haivision pour s’imposer comme troisième actionnaire en importance du fournisseur de solutions pour la diffusion en continu, l’ontarienne Evertz souhaite maintenant acheter la totalité de l’entreprise montréalaise en la valorisant à 130 millions.

Elle-même inscrite à la Bourse de Toronto, Evertz propose d’acquérir toutes les actions d’Haivision au prix de 4,50 $ chacune, l’équivalent d’une prime de 22 % par rapport au cours de 3,70 $ enregistré à la fermeture des marchés lundi.

En réaction, l’action d’Haivision s’est appréciée de 20 % mardi pour clôturer à 4,43 $ à la Bourse de Toronto.

La question est de savoir si 130 millions est suffisant aux yeux des dirigeants d’Haivision. En réponse à l’initiative d’Evertz, Haivision a simplement indiqué mardi que son conseil d’administration examine la proposition afin de déterminer ce qui est dans l’intérêt supérieur de la société et de ses parties prenantes.

Des observateurs de Bay Street s’attendent à ce que la proposition soit rejetée.

« Je m’attends à ce qu’Haivision soit plus exigeante », commente l’analyste Robert Young, de la firme Canaccord, dans une note de recherche envoyée à ses clients.

Son collègue Nick Corcoran, chez Acumen, abonde dans le même sens. « C’est probablement une offre d’ouverture avec un potentiel d’augmentation si les négociations se poursuivent », souligne-t-il dans une note publiée mardi.

Nick Corcoran calcule que même en payant 9 $ par action pour acquérir Haivision, Evertz réaliserait une transaction bénéfique pour ses actionnaires.

De son côté, Robert Young n’exclut pas la possibilité qu’une proposition concurrente émerge.

Le mois dernier, Evertz avait révélé avoir acheté des actions d’Haivision pour ainsi détenir une participation de 10 %. L’entreprise ontarienne disait avoir acheté les actions d’Haivision à des fins d’investissement. Evertz a cependant vendu un petit bloc d’actions d’Haivision la semaine dernière, faisant reculer sa participation tout juste sous la barre des 10 %. De cette façon, Evertz n’est maintenant plus tenue de déclarer ses transactions sur le titre, à moins de réaliser des achats faisant passer de nouveau cette participation à 10 % ou plus.

En entrevue avec La Presse il y a un mois, le fondateur et PDG d’Haivision, Mirko Wicha, s’était montré catégorique : Haivision n’est pas à vendre.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Mirko Wicha, fondateur et PDG d’Haivision

L’analyste Robert Young juge qu’une combinaison des deux entreprises présente des avantages notamment en raison de la complémentarité de certaines activités et des marges brutes dégagées par Haivision.

Il croit cependant qu’Haivision peut regrouper plus de 34 % des actions (employés, dirigeants et initiés favorables à la direction), ce qui rend difficile pour Evertz d’atteindre une supermajorité avec une offre hostile.

Bien que de nombreux actionnaires pourraient se satisfaire d’une prime d’approximativement 20 %, Robert Young rappelle que le prix initial de l’action lors de l’entrée en Bourse était de 6 $ en décembre 2020.

« Il est probable qu’un bloc d’actionnaires à long terme plaidera pour un prix supérieur ou égal à ce niveau », dit-il.

Cet expert ajoute qu’Evertz a probablement déjà payé plus que 4,50 $ pour acheter des actions étant donné que l’essentiel de la position d’Evertz dans Haivision a été constitué en juillet dernier alors que le titre se négociait entre 5 $ et 5,75 $, selon les achats de titres négociables figurant dans les informations trimestrielles d’Evertz.

Depuis son entrée en Bourse, Haivision a effectué deux acquisitions. L’entreprise a grandi et n’a pas besoin d’argent, soulignait Mirko Wicha le mois dernier. La valeur de l’entreprise a néanmoins fortement chuté avec l’ensemble du secteur des technos.