La société mère de Tim Hortons a repris la propriété de quatre restaurants appartenant au franchisé à la tête d'une association non sanctionnée composée de franchisés mécontents parce qu'il aurait transmis aux médias des informations jugées critiques.

Le président de la Great White North Franchisee Association, un regroupement qui critique Restaurant Brand International depuis sa création il y a plus d'un an, dément l'allégation voulant qu'il ait agi en tant que source anonyme. Il estime plutôt que la société tente, une fois de plus, d'intimider ses franchisés.

David Hughes a reçu un appel téléphonique dimanche après-midi, environ quatre minutes avant que l'entreprise décide de lui retirer ses quatre restaurants de Lethbridge, en Alberta, a-t-il indiqué.

Il s'est précipité vers sa succursale située le plus proche de son domicile.

«Malheureusement, au moment où je suis arrivé là-bas, les membres de la sécurité avaient fermé les portes à clef. Nous n'étions pas autorisés à entrer», a-t-il raconté.

Selon M. Hughes, il restait entre quatre et huit ans sur les contrats de franchise pour chaque établissement.

RBI a confirmé que les quatre cafés restaient ouverts, mais qu'ils étaient exploités par l'entreprise jusqu'à ce que la société sélectionne un nouveau franchisé pour les gérer. Elle a refusé de fournir les détails financiers de l'accord de résiliation.

«L'accord de franchisé Tim Hortons indique clairement qu'il est interdit aux restaurateurs de partager des informations confidentielles avec les médias, de dénigrer la société ou la marque Tim Hortons dans les médias ou avec des partenaires et fournisseurs communautaires, ou de nuire à la marque Tim Hortons de quelque manière que ce soit », a écrit la porte-parole Jane Almeida dans un courriel.

La décision de l'entreprise n'a rien à voir avec le poste de M. Hughes au sein de l'association, a-t-elle ajouté.

La semaine dernière, la Presse canadienne a reçu une copie d'une lettre de l'avocat du groupe de franchisés au chef du service juridique de la chaîne de cafés, alléguant que des cafetières avaient brisé et blessé des employés. RBI a rejeté l'accusation, tout comme le fabricant des cafetières.

Mme Almeida a refusé de répondre aux questions visant à savoir si RBI croyait que M. Hughes avait divulgué la lettre, d'autres informations ou les deux. Elle a expliqué que les détails, qui sont confidentiels, avaient été fournis à M. Hughes dans ses documents de résiliation.

«Outre notre déclaration initiale, nous n'avons rien à ajouter», a-t-elle écrit en réponse à une demande d'entrevue.

L'année dernière, RBI a accusé M. Hughes et les membres du conseil d'administration de l'association d'avoir divulgué des informations confidentielles à l'ancien chef de la direction de Tim Hortons, qui les a ensuite fournis à l'un des journaux nationaux du Canada. M. Hughes, l'association et l'ex-chef de la direction ont tous nié l'accusation à l'époque.

M. Hughes nie avoir divulgué des informations aux médias, affirmant que c'est la première fois qu'il était autorisé à parler avec un journaliste «depuis toujours». M. Hughes a parlé pour la dernière fois à la Presse canadienne en 2017.

Malgré tout, il a déjà parlé ouvertement de la mauvaise gestion de la chaîne de cafés par RBI.

Par exemple, il a critiqué le coût élevé des nouvelles machines à expresso et a accusé à plusieurs reprises RBI d'avoir tenté d'intimider les franchisés, ce que la société nie.

La société offre de multiples possibilités pour soulever des problèmes avec la direction, a déclaré Mme Almeida, notant que l'équipe du nouveau président de la marque, Alex Macedo, était plus ouverte.

«Parfois, nous sommes d'accord et parfois pas, mais nous n'avons aucune tolérance envers les propriétaires qui, en toute connaissance de cause, portent atteinte à notre marque», a-t-elle écrit.

On ne sait pas si M. Hughes, qui a déjà juré d'être le dernier survivant dans la bataille contre RBI, restera président de l'association, qui n'a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.

Les statuts du groupe ne lui permettront pas de rester président s'il ne possède aucun restaurant, a-t-il affirmé. Cependant, pour le moment, M. Hughes continue à jouer son rôle et consulte l'équipe juridique du groupe pour déterminer quelles seront les prochaines étapes.

«Nous allons nous battre contre cela, évidemment», a-t-il dit.

«Parce que ce qu'ils essaient de faire, c'est se débarrasser du président de la Great White North. Ce n'est que pure intimidation.»