Après des excuses publiques planétaires dans la foulée de ses rappels massifs, le constructeur japonais Toyota prépare une défense «énergique» contre les nombreuses plaintes dont il fait l'objet et contre les «spéculations», a indiqué à l'AFP l'un de ses dirigeants.

Don Esmond, responsable opérationnel du numéro deux de l'automobile aux États-Unis, a indiqué lors d'un entretien à l'AFP que Toyota se devait d'être «prudent» et d'assumer la responsabilité de ses erreurs avant les auditions parlementaires organisées fin février et début mars au sujet de ses rappels historiques.

 

Mais le groupe, qui a rappelé près de 9 millions de véhicules dans le monde dont plus de six millions aux États-Unis depuis l'automne, principalement pour des problèmes d'accélération involontaire, entend maintenant «présenter de manière plus offensive sa version de l'histoire», a-t-il ajouté lors d'un entretien dans les environs de Chicago à la suite d'une rencontre avec des concessionnaires.

 

Alors que le département des Transports (DoT) américain envisage une amende record de 16,4 millions de dollars contre Toyota, auquel il reproche de lui avoir dissimulé «pendant au moins quatre mois» ses problèmes techniques, le constructeur n'a pas encore décidé s'il allait s'acquitter de cette amende ou la contester, a indiqué M. Esmond.

 

Le constructeur dispose de deux semaines pour payer ou contester l'amende auprès du DoT. S'il ne parvient pas à un accord avec le DoT, l'affaire sera transférée à un tribunal. M. Esmond a dit ne pas avoir encore lu l'argumentation du ministère des Transports et affirmé ne «pas être sûr de comprendre sur quoi se fonde» l'amende annoncée cette semaine.

 

Sans répondre à une question sur l'impact de cette amende sur les poursuites judiciaires dont Toyota fait l'objet, M. Esmond a prévenu que son groupe allait se défendre vigoureusement pour ne pas être rendu responsable de problèmes qu'il n'a pas causés. Il a fait valoir que des erreurs des conducteurs étaient souvent la cause d'accélérations soudaines et involontaires, rappelant que Toyota avait mis en place des équipes d'urgence pour enquêter sur tout nouvel incident. «Nous allons nous défendre», a-t-il insisté.

 

Toyota fait l'objet d'au moins 97 poursuites aux États-Unis à la suite de blessures ou de décès liés à des accidents causés par des accélérations soudaines de véhicules de la marque, et de 138 poursuites en nom collectif de clients demandant réparation pour la perte de valeur de leur véhicule à la suite des problèmes techniques et de la mauvaise presse autour de Toyota.

 

Le constructeur, après avoir réagi avec lenteur et non sans maladresse au début de la crise, est devenu plus actif depuis un mois, organisant notamment des démonstrations publiques pour faire taire les accusations selon lesquelles ses problèmes d'accélération involontaire seraient causés par des déficiences électroniques.

 

«Nous avons trébuché. Je ne pense pas que nous nous soyons effondrés», a ajouté M. Esmond, soulignant que les ventes aux États-Unis de Toyota, dopées par d'importantes offres promotionnelles, avaient bondi de 40,7% en mars, pendant que sa part du marché chez les concessionnaires atteignait un record historique à 19,6%.