Depuis le 1er avril, avec l'entrée en vigueur de la loi 42, le Code de la sécurité routière au Québec comporte des sanctions extrêmement sévères à l'endroit des automobilistes.

Par exemple, Mathieu a été intercepté à 152 km/h sur la route 135. Je ne saurais vous dire si le policier qui l'a intercepté a eu recours à sa calculette (la loi 42 est encore toute jeune), mais sur les 15 points de son permis de conduire, Mathieu n'en compte plus qu'un seul.

 

Du moins en théorie, puisque Mathieu compte bien contester la contravention, avec l'aide de son avocat. Pas devant les tribunaux, mais plutôt derrière des portes closes où l'avocat de Mathieu tentera de convaincre le procureur de la Couronne d'alléger sa peine. Pour conserver quelques points bien sûr, mais aussi pour ne pas voir son nom inscrit dans le grand fichier de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) si jamais il récidivait d'ici 10 ans.

Avant l'entrée en vigueur de la Loi 42, ce «petit coup de fil» se concluait parfois - pas toujours - par une amputation moins douloureuse du nombre de points à votre permis. Seul le portefeuille était délesté de tous les billets nécessaires au règlement de la contravention. En d'autres termes, les points se négocient, pas les recettes.

 

Qu'en sera-t-il des contraventions distribuées le mois dernier pour grands excès de vitesse (GEV)? Nul ne le sait trop encore. Quelques avocats contactés soutiennent «que la négociation sera toujours possible», alors que d'autres, plus prudents, hésitent encore à décrocher le téléphone pour s'en enquérir.

Si la négociation demeure possible, alors faudra-t-il en conclure que les belles intentions de la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, sont de nature strictement financières? Voilà la question que se posent bon nombre d'automobilistes québécois. Un questionnement qui se traduit par cette phrase qui revient souvent comme un boomerang: «Ah, oui, on les voit les policiers, mais sur le bord des voies rapides!» Et les petites routes secondaires, elles?

Et si pour résoudre le problème des grands - et des petits - excès de vitesse (et celui du manque de civisme au volant, de l'agressivité et j'en passe), la ministre des Transports du Québec ne devrait-elle pas changer son approche et s'inspirer non pas des propos de Jean-Marie De Koninck mais plutôt de la France (on aime ça s'inspirer de ce qui se fait en France, non?)? Donc si, plutôt que de se servir du bâton, la ministre des Transports du Québec utilisait la carotte?

Mme Boulet pourrait par exemple s'inspirer du programme créé par le club automobile de Lorrain ou encore de l'initiative de la Ville de Sèvres et organiser des stages destinés à reprendre les points perdus de notre permis de conduire. Ces stages s'adressent uniquement aux automobilistes ayant perdu au moins quatre points. Au programme: révision du Code de la route, rappel des règles élémentaires de sécurité routière, séance de véhicule «auto-chocs» sur rails, pour évaluer l'impact d'une collision à 8 km/h...

 

Pas de bâton, mais une carotte: toute personne ayant suivi avec succès l'un de ces stages récupère automatiquement quatre points sur son permis de conduire. La contravention est classée sans suite et les participants repartent mieux informés, mieux sensibilisés, exemptés d'une amende qui peut peser lourd et sans fragiliser leur capital de points

Mais puisque nous ne sommes pas en France, la ministre peut bien garder le montant des amendes si cela lui chante, à la condition d'en garder juste assez pour financer ce projet. Encore qu'il y aura les radars photo à l'automne...