Le régime minceur de Groupe Sélection irrite un partenaire de longue date, Revera, qui déplore d’être le seul à délier les cordons de la bourse pour financer des résidences pour aînés (RPA) détenues en partenariat avec la société québécoise à l’abri de ses créanciers.

Après un début tumultueux, il y a désormais une « bonne collaboration » entre l’actionnaire et fondateur de Sélection, Réal Bouclin, et le contrôleur Christian Bourque, de PwC, aux commandes depuis novembre dernier puisque l’entreprise est sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).

Il y a néanmoins des mécontents. Pour réduire ses dépenses, le géant des RPA a décidé de suspendre ses paiements en cas d’appels de fonds relativement aux 25 complexes qu’il possède avec Revera et les 11 autres avec Blackstone. Ces sommes sont généralement nécessaires pour éponger des déficits d’exploitation et financer des dépenses en immobilisation, par exemple.

On nous annonce qu’il y aura de nouvelles avances de fonds en janvier et février [pour 1,4 million] et que Groupe Sélection ne payera pas sa partie. Cela place Revera dans une situation, je vais dire, très inconfortable.

Denis Ferland, avocat de Revera, mercredi, devant la Cour supérieure du Québec

Les participations de Sélection seront progressivement diluées et devraient être éventuellement rachetées par Blackstone et Revera – qui appartient indirectement à PSP, l’office d’investissement de la caisse de retraite des fonctionnaires fédéraux.

Mais d’ici à ce qu’une transaction soit conclue – ce qui n’est pas encore fait –, Revera déplore d’être seule à mettre la main à la pâte pour financer des RPA, a expliqué MFerland. Selon lui, la plus récente demande remonte au 12 décembre. Le montant total est d’environ 6,5 millions.

Dans un courriel, Revera a décliné l’invitation à commenter sa relation d’affaires avec Sélection. Les avocats de Blackstone ne se sont pas manifestés dans le cadre de l’audience qui s’est déroulée devant le juge Michel Pinsonneault.

Plusieurs demandes

Selon MFerland, les demandes d’avance de fonds dépassent les 30 millions depuis le mois d’avril dernier en ce qui a trait au portefeuille de 25 RPA détenues avec Sélection. À l’exception d’une propriété, Revera détient généralement 75 % du complexe. Sa contribution financière est donc supérieure à 20 millions.

« Ce n’est pas du tout conséquent avec ce qui s’était passé auparavant, a-t-il dit. C’est ce qui fait en sorte que Revera s’interroge [sur l’augmentation de la fréquence des demandes]. »

MFerland a souligné que de récents courriels envoyés au contrôleur Christian Bourque au cours des dernières semaines afin d’obtenir plus de précisions sur les demandes de fonds étaient demeurés sans réponse. Interrogé, le contrôleur a répondu que l’équipe de PwC faisait de son mieux, mais que les demandes étaient très nombreuses. Le juge Pinsonneault est également intervenu pour rappeler que la charge de travail était considérable pour M. Bourque et son équipe.

Cette sortie de MFerland lui a valu des remontrances d’Alain Riendeau, l’avocat qui représente PwC. Celui-ci a reproché à l’avocat de Revera de divulguer le contenu de conversations confidentielles.

« On se parle tous les jours, a dit MRiendeau. Je suis très étonné que vous profitiez d’un forum où il y a beaucoup de monde sur la ligne, essentiellement pour viser des questions qui concernent des conversations entre vous et moi. »

Encore des réductions

Après environ deux heures d’audience, le magistrat a accepté la demande de prolonger, jusqu’au 22 février, la période permettant à Sélection de bénéficier de la protection de la LACC. M. Bourque est venu présenter le contenu de son rapport diffusé la veille.

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Sélection ne devrait pas avoir besoin de financement intérimaire supplémentaire, selon M. Bourque. Après avoir procédé à une cinquantaine de licenciements chez Sélection – essentiellement du côté des activités de construction –, le contrôleur continuera à vérifier où il est possible de dégager des économies.

« Il y aura une révision de l’ensemble des fonctions administratives, a expliqué M. Bourque. Cela fera l’objet d’une analyse en janvier. »

Ce dernier a suggéré que l’empreinte du siège social de Sélection, situé sur le boulevard Daniel-Johnson, à Laval, serait probablement réduite.

En savoir plus
  • 272 millions
    Il s’agit de la taille du prêt qui avait été rappelé par les banquiers de Sélection à l’automne.
    source : pricewaterhousecoopers