CARE Montréal s’enfonce dans la crise, tandis que l’inquiétude augmente pour les 250 sans-abris qui y trouvent refuge chaque nuit, dans Hochelaga-Maisonneuve.

Au cours des quatre derniers jours, la directrice générale de l’organisme a démissionné, les cadres ont exprimé leur « grand malaise » face à la situation et les employés ont manifesté leur crainte pour leurs emplois mardi matin.

« Nous sommes extrêmement préoccupés par la possibilité d’une rupture de services », a affirmé mardi la porte-parole des syndiqués qui manifestaient, la vice-présidente de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS – CSN) Lucie Longchamps. « Nous demandons aux partenaires de CARE Montréal, notamment le CIUSSS du Centre-Sud et la Ville de Montréal, de nous aider à trouver une solution afin que les 150 personnes actuellement [employées par] l’organisme puissent poursuivre leur travail. »

La Presse a révélé samedi que la présidente du conseil d’administration de CARE avait claqué la porte de l’organisme en dénonçant un détournement de subventions par Michel Monette, fondateur de l’organisme et pasteur mennonite. Sur un budget de près de 11 millions, 600 000 $ en dépenses auraient profité à des membres du C. A., des membres de la direction ou leur famille.

CARE fait actuellement l’objet d’une lutte de pouvoir entre ses fidèles et des laïcs. La semaine dernière, les premiers ont bloqué la tentative de fusion entre CARE Montréal et l’organisme CAP Saint-Barnabé, un projet promu par les seconds. L’Église mennonite HOCHMA a aussi repris le contrôle sur le conseil d’administration de CARE.

« Il faut se serrer les coudes »

Pierre-Paul Bourdages, avocat et porte-parole de l’Église et de CARE, a expliqué mardi en entrevue qu’un directeur général « de transition » avait été sélectionné, dans l’attente de la nomination d’un directeur général « par intérim ». La situation se redresse, a-t-il estimé.

« Les employés ne sont pas du tout menacés de perdre leur emploi à court terme », a continué l’avocat, soulignant que plusieurs subventions prennent toutefois fin au 31 mars 2023. Le nouveau patron a écrit à l’ensemble des membres de son équipe pour les rallier et leur indiquer « qu’on est dans une situation où il faut se serrer les coudes », a résumé MBourdages.

Lundi, 18 cadres de CARE Montréal ont signé une lettre adressée au conseil d’administration dans laquelle ils exprimaient leur « profond malaise » quant à la direction que prenait l’organisme.

« Nous souhaitons poursuivre les activités de Care Montréal, mais sous une saine gouvernance, sans influence d’un groupe religieux, dans la poursuite du regroupement avec le Cap St-Barnabé et pour le mieux-être des personnes en situation d’itinérance à Montréal », ont-ils écrit. Ils accusent les fidèles de M. Monette de vouloir « s’approprier les actifs et l’argent des contribuables pour les bénéfices de leur communauté religieuse ».

Au CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal, on indique que la responsabilité du réseau de la santé se limite à « financer des projets ». Le CIUSSS a renvoyé La Presse à CAP Saint-Barnabé, l’organisme qui reçoit les subventions au nom de CARE Montréal. CAP Saint-Barnabé a coupé les ponts avec CARE Montréal, selon une lettre rédigée samedi par son conseil d’administration.

Rectificatif
Une version précédente de ce texte identifiait incorrectement l’avocat de CARE Montréal. Il s’agit de Pierre-Paul Bourdages plutôt que Pierre-Paul Borduas.