En cette Journée nationale de la philanthropie, La Presse vous raconte un geste fait durant la pandémie

Comme bien d’autres personnes, Vincent Corriveau faisait des dons à gauche et à droite sans grande conviction. Ça, c’était avant un matin de décembre 2020 où, en pleine pandémie, un collègue lui apprend qu’il vient de lancer une fondation avec ses chums de hockey.

Cette « confession » l’a inspiré sur-le-champ. « Je me suis dit : j’en ai aussi, des amis, ça adonne bien. Et j’aimerais ça, moi aussi, avoir ma propre fondation avec des gens de mon entourage », raconte ce conseiller en placement de Rimouski.

« C’est là que ça a commencé », dit-il. Il a contacté 12 amis d’université avec qui il est resté en contact au fil des ans, et dont certains sont à l’extérieur du Québec. Les 12 ont tous embarqué de façon instantanée, dit-il.

« J’ai préparé une présentation et deux semaines plus tard, la fondation était créée. Le nom était trouvé et les dons commençaient à entrer. Ç’a été très rapide. Il y avait possiblement un contexte favorable avec tout ce qui se passait [pendant la pandémie] pour ce qui est de la situation sociale et personnelle puisque les contacts humains étaient difficiles », explique Vincent Corriveau.

« Ce projet arrivait à un bon moment pour se réunir et faire un projet commun, pour donner en groupe. »

Donner 50 $ ou 100 $, ça n’a pas beaucoup d’impact, dit-il. « C’est difficile de dire : j’ai fait la différence dans un projet [avec 50 $]. On pourrait tous lâcher son travail et se donner à 100 % dans une cause, mais ce n’est pas tout le monde qui peut faire ça », dit-il.

En créant une fondation, un groupe peut faire une différence. On peut structurer quelque chose. Quand tu es 50, 100 ou 200 donateurs, c’est certain que tu fais la différence pour les organismes auxquels tu donnes.

Vincent Corriveau

Et comme Vincent Corriveau l’explique, c’est un peu ça, l’objectif derrière les Joyeux Philanthropes, la fondation qu’il a lancée l’année dernière. « On donne à des causes qui nous tiennent à cœur. »

Donner, mais aussi participer

La fondation n’a pas de cause attitrée. « C’est vraiment les causes des membres du groupe qu’on veut soutenir. Et plus les gens vont s’impliquer dans les causes, plus ils ont de chances de voir la cause qui leur tient à cœur recevoir un don », précise Vincent Corriveau.

« Parce qu’on veut donner, mais aussi participer à des évènements : tournois de golf, soirées-bénéfice. On peut être 10, 15 ou 20 membres de la fondation qui participeront activement pour faire un succès financier, mais aussi un succès social des évènements auxquels on contribuera. »

Le mot « joyeux » dans le nom de la fondation n’est pas anodin. Le côté relationnel est très important, dit-il.

On a tous déjà entendu que c’est plus le fun de donner que de recevoir. Mais ça peut être encore plus le fun quand on le fait avec des gens qu’on aime et qu’on sait que ça change la vie de certaines personnes.

Vincent Corriveau

Vincent Corriveau et ses amis ont rapidement trouvé un nom, dessiné un logo et déterminé leur mission : « Les Joyeux Philanthropes propagent la culture philanthropique en alliant leurs forces pour soutenir les causes qui leur tiennent à cœur. »

Grâce au bouche à oreille notamment, ils sont maintenant déjà plus d’une centaine à s’être joints aux Joyeux Philanthropes. Pour la plupart, ils s’engagent à verser au moins 500 $ par année à la fondation si leur situation financière le permet, évidemment. En moins d’un an, la cagnotte amassée par cette fondation communautaire frôle déjà 70 000 $.

Le premier don de la fondation n’a pas encore été fait, car puisque les distributions ne se feront qu’avec les intérêts sans toucher au capital, le groupe attend d’avoir une somme plus importante à donner avant de procéder. Le premier don devrait se faire en 2022.

« Cette façon de faire permet d’assurer la pérennité. Nos enfants et nos petits-enfants pourront continuer à gérer la fondation. Ça va nous survivre et générer du bonheur au fil du temps », affirme Vincent Corriveau.

« On croit qu’en faisant des dons de 5000 $, 6000 $ ou même davantage, on peut avoir un impact », dit-il.

« Au Québec, on est la province qui donne le moins. Il y a de la place pour nous. Notre but est de réunir des gens dans un projet qui va peut-être davantage leur parler que de faire un don anonyme à une cause X, Y, Z », dit-il.

Vincent Corriveau se plaît par ailleurs à citer Michelle Obama lorsqu’il parle de philanthropie : le succès ne se mesure pas à la quantité d’argent que vous gagnez, mais à l’impact que vous avez sur la vie des gens. « C’est difficile de dire mieux que ça, lance-t-il. Donner, ça fait du bien. »