(Québec) «Vous êtes complètement déconnectés, ce n’est pas en Inde qu’on veut des emplois, c’est au Québec», a lancé la députée libérale Marwah Rizqy, mercredi, au premier ministre François Legault qui défendait le transfert en Inde des activités d’une entreprise québécoise.

«Ce n’est pas impossible, ce n’est pas incohérent, c’est même une bonne chose que certains emplois moins payants soient dans des usines à l’étranger», a fait valoir M. Legault à la période de questions mercredi matin, concernant la délocalisation des activités de Velan, une grande entreprise spécialisée dans la robinetterie industrielle. Près de 200 postes ont été supprimés dans l’usine montréalaise de l’entreprise en moins de 18 mois.

Québec solidaire (QS) a également exprimé son indignation par rapport aux propos du chef caquiste.

En point de presse après la période de questions, la porte-parole libérale en matière d’économie, Dominique Anglade, a dit que le premier ministre «a fait preuve d’un manque de sensibilité par rapport aux familles qui sont touchées par les délocalisations».

Elle a déploré que d’une part, le premier ministre dénonce les salaires qu’il juge trop élevés à l’aluminerie ABI de Bécancour, actuellement en lock-out, et d’autre part, il ne se préoccupe pas des employés moins bien rémunérés.

«Quand vous n’êtes pas bien rémunérés, ce n’est pas important, quand vous êtes trop bien rémunérés, le premier ministre prend le côté de l’employeur. Quand le premier ministre prend-il le parti réellement des travailleurs?»

En mêlée de presse, le député Vincent Marissal, de Québec solidaire (QS), a dit être «proprement scandalisé» par les déclarations du premier ministre.

«C’est la première fois que j’entends un premier ministre dire que c’est normal de délocaliser des emplois et même d’encourager la délocalisation dans d’autres pays en disant: "ce sont des jobs de cheap labor, c’est bon pour l’entreprise, c’est bon pour l’actionnariat. […] Le cheap labor, on peut s’en départir, ça ne fera pas mal à personne".»

Selon le député QS de Rosemont, la position du gouvernement caquiste soulève deux questions : à partir de quel seuil un emploi ne mérite plus d’être soutenu par l’État? Quel message on envoie par ce mépris à des travailleurs qui triment dur pour des emplois qu’on juge peu importants? a-t-il demandé.

Mercredi matin, les employés syndiqués de Velan ont tenu une action symbolique pour protester contre les pertes d’emplois. Ils ont confectionné une grande mosaïque avec les visages des quelque 200 employés qui seront remerciés d’ici à 18 mois.

«Le vrai visage de la délocalisation, c’est la mise à pied de 195 travailleurs, pères de famille pour plusieurs, cumulant en moyenne près de 15 ans d’ancienneté chez Velan», a déclaré le président du syndicat national des employés de Velan, Dyan Dhanesar, par voie de communiqué.