L'Europe tentait d'accélérer mercredi le pas pour éteindre l'incendie dans le secteur bancaire alors qu'en Grèce, fonctionnaires et salariés du public étaient en grève contre l'austérité qui leur est imposée pour réduire l'endettement du pays, au coeur de la crise de la zone euro.

La perspective d'une participation plus importante que prévu des banques dans le plan de sauvetage de la Grèce fragilise l'ensemble du secteur bancaire européen. L'effondrement de la franco-belge Dexia, première victime de la crise de la dette en Europe, a accéléré le dossier de la recapitalisation des banques.

Les responsables politiques de l'Union monétaire semblent désormais envisager clairement un plan coordonné pour renflouer les établissements bancaires.

Du coup, toutes les Bourses européennes qui avaient chuté mardi - la place d'Athènes tombant à son plus bas niveau en 18 ans - ont rebondi mercredi matin.

«Les Européens ont pris conscience de l'urgence de la situation et sont prêts à se mettre en ordre de bataille. L'électrochoc Dexia (la banque franco-belge en cours de démantèlement, NDLR) a décidé les autorités à accélérer sur le dossier de la recapitalisation des banques», ont souligné dans une note les stratégistes du Crédit Mutuel-CIC.

Vers 9h00 GMT, la Bourse de Londres gagnait 1,70% par rapport à la clôture de mardi, celle de Paris 2,59%. À Francfort, l'indice Dax prenait 2,15%. La Bourse de Milan gagnait 1,30% en dépit de la sévère dégradation de la note de l'Italie par l'agence de notation financière Moody's. Moody's a abaissé mardi soir la note de la dette souveraine italienne de trois crans, à «A2» contre «Aa2» auparavant, en l'assortissant d'une perspective négative ce qui signifie qu'elle pourrait encore l'abaisser à l'avenir.

Moody's met notamment en avant les risques pesant sur le financement de la dette colossale de la péninsule qui représente 120% du PIB, et les «incertitudes politiques».

Malgré l'adoption le 14 septembre d'un plan de rigueur devant permettre au pays de parvenir à l'équilibre budgétaire en 2013 et de réduire sa dette, l'Italie ne parvient pas à rassurer les marchés.

En Grèce, menacée un peu plus chaque jour de défaut de paiement, le plan d'austérité mis en place sous la contrainte des bailleurs de fonds continue à provoquer colère et protestations. Mercredi, écoles et musées sont restés fermés, des vols ont été annulés, et les hôpitaux fonctionnaient au ralenti, en raison d'une grève dans le secteur public.

Les salariés de ce secteur dénoncent essentiellement le projet de mettre 30.000 d'entre eux au chômage technique avec un salaire réduit de 40% d'ici à la fin de l'année, avant un probable licenciement au bout d'un an.

Le gouvernement grec a obtenu des créanciers du pays, réunis au sein d'une troïka (Union européenne, Fonds monétaire international, Banque centrale européenne), d'appliquer cette mesure en priorité aux salariés les plus près de l'âge de la retraite.

Mais à terme, le gouvernement prévoit que la fonction publique grecque, qui compte quelque 750 000 agents, soit réduite de 150 000 d'ici à 2015.

Les mesures dites d'austérité, qui comptent aussi de multiples hausses ou créations de taxes et d'impôts, des abaissements de pensions de retraite et tout un ensemble de réformes structurelles destinées à libéraliser l'économie du pays, doivent durer au moins jusqu'en 2015.

Une manifestation doit se dérouler en milieu de journée à Athènes avant une grève générale prévue le 19 octobre.