Après son désaccord sur la Charte des valeurs, Jean-François Lisée se distancie de nouveau du gouvernement dont il faisait partie en s'opposant cette fois à l'exploitation du pétrole d'Anticosti.

En février dernier, le gouvernement du Parti québécois annonçait pourtant des investissements dans l'exploration pétrolière à Anticosti.

M. Lisée, maintenant candidat à la chefferie du Parti québécois, s'est également opposé au pipeline Énergie-Est de TransCanada dans un discours où il présentait ses engagements en matière d'environnement devant les militants de sa circonscription de Rosemont, à Montréal, dimanche matin.

Son parti a pourtant soufflé le chaud et le froid sur ces questions, se montrant tantôt ouvert au projet de TransCanada ou à l'exploitation du gisement Old Harry puis se montrant tantôt hésitant.

«Aujourd'hui, j'ai la liberté d'être un candidat et de dire si moi j'étais chef, voici les positions que je prendrais [...] Une des raisons pour lesquelles je voudrais être chef, c'est qu'un plus grand nombre de mes conseils soient écoutés», a répondu M. Lisée à La Presse lorsque questionné sur sa discrétion à défendre ses convictions lorsqu'il était ministre.

En octobre dernier, M. Lisée avait révélé qu'il aurait voté contre la Charte des valeurs si aucune modification n'était apportée au projet qu'il avait pourtant défendu alors qu'il était ministre.

Pierre Céré, candidat à la chefferie qui était également présent dimanche, n'a pas manqué de souligner les contrastes entre les propositions des autres candidats et les politiques défendues en tant que ministre.

«On vient d'un gouvernement qui a accepté Enbridge [projet d'inversion du flux de pipeline entre North Westover et Montréal]... elle était où toute cette gang? Sur la question identitaire aussi. Et à Anticosti, le discours était complètement improvisé. Tous ces gens qui faisaient partie du gouvernement. Qu'ont-ils dit? Il faut être conséquent avec les paroles qu'on prononce», a-t-il insisté.

Jean-François Lisée, le candidat, dit maintenant vouloir affirmer clairement l'identité écologiste du PQ. «C'est l'authenticité et la clarté du propos qui attire», a expliqué M. Lisée devant la centaine de militants rassemblés au Carrefour communautaire de Rosemont l'Entre-Gens.

M. Lisée s'oppose notamment à tout projet d'exploitation d'un pétrole qui serait plus polluant que celui importé. Il est donc contre la fracturation hydraulique pour le pétrole et le gaz.

«Tant qu'on n'a pas une technologie pour aller chercher autrement ce gaz [...] c'est non. Il faut avoir la colonne vertébrale de dire à toutes ces entreprises qui essaient de faire du lobby que ce n'est pas la peine de frapper à nos portes, c'est non», a-t-il affirmé.

Il souhaite aussi que le Québec puisse refuser les projets de transport de pétrole sur son territoire en délivrant des permis. Il propose d'exiger une contribution financière aux entreprises qui font transiter du pétrole dans la province. Ces contributions seraient notamment investies dans des énergies vertes et pourraient servir au nettoyage de sites si un déversement survenait.

Il ajoute que le Québec doit s'engager dans une transition pour «se libérer» pétrole et propose que le parti se dote d'un calendrier réaliste de transition énergétique.

«Jamais un candidat du Parti québécois n'a été aussi clair, aussi ferme, aussi cohérent sur les questions écologistes que je le suis», a-t-il soutenu.

M. Lisée n'a pas encore recueilli les 2000 signatures nécessaires pour chaque candidat, mais il se dit convaincu de pouvoir atteindre l'objectif au cours des prochaines semaines.