(Montréal) La création d’un corps policier dédié à lutter contre l’exportation de véhicules volés au port de Montréal « mérite réflexion », estime le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Mike Duheme.

Le chef de police a tenu ces propos mercredi à l’occasion d’une conférence de presse pour annoncer de nouvelles sommes pour lutter contre ce « fléau », deux semaines après un sommet national sur cet enjeu.

Il était alors accompagné des ministres fédéraux Dominic LeBlanc et Pablo Rodriguez, de la mairesse de Montréal, Valérie Plante, et du directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Fady Dagher.

La difficulté d’ouvrir les conteneurs où sont entreposées les voitures volées dans le port de Montréal a été mise en lumière dans la foulée du sommet national qui s’est tenu à Ottawa. Plusieurs acteurs s’y partageant différentes responsabilités parfois compliquées à coordonner.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, LA PRESSE

Le directeur du SPVM, Fady Dagher

La création d’un corps policier dédié à des opérations au port ne sera-t-elle donc pas justifiée ?

« Est-ce qu’on est mieux servi par une équipe conjointe des forces de l’ordre qui existe déjà en renforçant les ressources qui sont présentes […] ou est-ce qu’on va avec une entité complètement différente », s’est questionné à voix haute le commissaire de la GRC, Mike Duheme, mercredi.

« Des fois, une entité complètement différente amène un enjeu de juridiction, d’échange d’informations. Donc je pense qu’il faut le regarder, mais je crois qu’une des meilleures solutions, c’est ce qui existe déjà », a-t-il toutefois conclu. « Il y a des experts en la matière dans les organisations. C’est de les amener ensemble et d’œuvrer dans le port de Montréal. »

« Il n’y a pas une option plus folle qu’une autre, mais laquelle nous assurerait du meilleur impact ? », a-t-il ajouté, par la suite.

Ottawa a annoncé mercredi une nouvelle somme de 15 millions dédiée à la lutte aux vols de véhicule. Ce montant qui s’ajoute aux 28 millions octroyés plus tôt ce mois-ci à l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) pour lui permettre d’augmenter sa capacité à détecter et à fouiller les conteneurs qui transportent des véhicules volés.

Système connecté

Plus précisément, l’investissement dévoilé mercredi se divise ainsi :

  • 9,1 millions de dollars seront distribués à travers les différents corps policiers provinciaux, territoriaux et municipaux ;
  • 2,4 millions de dollars serviront à « mobiliser [les] partenaires nationaux et internationaux » du Canada pour assurer une réponse « coordonnée » à cet enjeu ;
  • 3,5 millions de dollars seront consacrés au « partage d’information avec Interpol afin d’améliorer les enquêtes pour retrouver les pièces et les véhicules volés qui se retrouvent à l’étranger.

Sur ce dernier point, Mike Duheme a confirmé que le Centre d’information de la police canadienne (CIPC), où sont conservées les informations des véhicules volés au pays, était dorénavant connecté aux systèmes d’Interpol.

« Dans les sept derniers jours, on sait que 24 pays dans le monde ont fait des vérifications sur des voitures dans notre système », a-t-il expliqué.

L’annonce de mercredi intervient également quelques heures après une opération menée à Terrebonne par le SPVM et ayant permis d’arrêter neuf individus qui font face à environ 130 chefs de vol de véhicule, complot, recel, introduction avec effraction et à d’autres accusations en lien avec la possession d’arme et de drogues.

Rectificatif
La version initiale de cet article a été modifiée pour mieux refléter une réponse apportée par le commissaire de la GRC, Mike Duheme.