(Québec) Pressé par son propre commissaire à la langue française d’en faire plus pour franciser l’immigration temporaire, Québec se retourne une fois de plus vers Ottawa et exige qu’il sorte de sa « bulle » afin de mieux répartir les demandeurs d’asile à travers le pays.

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, ainsi que le ministre de la Langue française, Jean-François Roberge, ont réagi jeudi à la publication d’un rapport du commissaire Benoît Dubreuil sur les répercussions sur le français de l’explosion du nombre de travailleurs étrangers temporaires et de demandeurs d’asile dans la province.

Mercredi, M. Dubreuil a rappelé que l’immigration temporaire est passée de 86 065 personnes en 2016 à 528 034 en 2023. De ce nombre, jusqu’à 191 015 ne connaissaient pas le français l’an dernier.

« De 2021 à 2023, l’augmentation de l’immigration temporaire aurait entraîné une hausse d’environ 1 % de l’utilisation prédominante de l’anglais au travail », a expliqué le commissaire, qui suggère à Québec d’exiger des connaissances de base du français à l’oral avant l’arrivée aux travailleurs étrangers temporaires et des exigences linguistiques aux étudiants étrangers qui veulent travailler hors campus.

Mme Fréchette et M. Roberge ont accueilli avec prudence les recommandations de M. Dubreuil. Ils ont souligné que le gouvernement souhaitait d’abord évaluer les impacts de ses réformes en immigration sur le français avant d’ajouter de nouvelles mesures.

« La réduction du nombre de demandeurs d’asile, la répartition du nombre de demandeurs d’asile [et] l’implantation de nos mesures donneront des résultats [et] changeront la donne », a dit M. Roberge.

Demandeurs d’asile

Au sujet des demandeurs d’asile, dans le contexte où le gouvernement Legault répète que la province se situe à un « point de bascule », le commissaire Dubreuil a suggéré de négocier avec Ottawa une voie de passage pour que le Québec ne reçoive que les réfugiés qui ont des connaissances en français, et que l’on propose aux autres qu’ils soient transportés ailleurs au pays afin que leur dossier soit traité.

À ce sujet, Mme Fréchette a rappelé que la répartition des demandeurs d’asile à travers le Canada était urgente, mais qu’elle devait aussi être faite de façon volontaire.

« Il est temps que le fédéral sorte de sa bulle et qu’il voit les conséquences de l’arrivée trop importante de demandeurs d’asile au Québec », a dit Mme Fréchette.

Sur ce point, Québec bénéficie de l’appui de l’opposition. Le gouvernement a rappelé jeudi que les demandeurs d’asile qui arrivent au pays par le Québec ne doivent pas être forcés de quitter la province. Or, ils réclament d’Ottawa qu’il trouve des voies de passage vers d’autres provinces pour ceux qui signaleraient leur intérêt de s’établir ailleurs qu’au Québec, afin que leur transfert soit facilité.