(Ottawa) L’Inde a-t-elle tenté d’influencer le résultat des élections fédérales de 2019 et de 2021 ? La juge Marie-Josée Hogue a demandé mercredi au gouvernement de lui fournir des documents sur ces allégations dans le cadre de la commission sur l’ingérence étrangère dont les travaux s’amorceront lundi.

L’Inde n’était pas citée nommément dans son mandat, mais le chef néo-démocrate, Jagmeet Singh, avait exigé son ajout. La commission d’enquête doit évaluer l’ingérence de la Chine, de la Russie et « d’autres acteurs étatiques ou non étatiques étrangers » et les répercussions potentielles de leur ingérence lors des deux dernières élections fédérales.

La Chine aurait notamment tenté d’influencer le vote dans certaines circonscriptions à forte population d’origine chinoise.

Le premier ministre Justin Trudeau avait accusé le gouvernement indien d’avoir « un lien possible » avec l’assassinat sur le sol canadien de Hardeep Singh Nijjar, un leader sikh. L’Inde avait rejeté ces allégations et les relations entre les deux pays s’étaient dégradées.

M. Nijjar dirigeait un temple sikh à Surrey, en Colombie-Britannique. Il avait été tué par balle devant l’édifice religieux à la fin de juin. Il aurait fait l’objet de menaces de mort en raison de son soutien à un État sikh indépendant du Khalistan, en Inde. Il était accusé de complot pour meurtre et de terrorisme dans son pays d’origine.

Les travaux de la commission s’ouvriront lundi à Ottawa. Le ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, et le directeur du Service canadien du renseignement de sécurité, David Vigneault, témoigneront durant cette première semaine.

Le travail de la commission se déroulera en deux étapes. La première portera sur les activités d’ingérence auxquelles la Chine, la Russie et d’autres pays ont pu se livrer durant les élections de 2019 et de 2021. Un rapport sur cet aspect est attendu le 3 mai.

Ensuite, la commission évaluera la capacité de l’appareil fédéral à détecter, à prévenir et à contrer les activités d’ingérence. Un deuxième rapport doit être déposé d’ici le 31 décembre.

Le gouvernement a mis cette commission d’enquête sur pied après des mois de pourparlers avec les partis de l’opposition. Des enquêtes réalisées par le Globe and Mail et par le réseau de télévision Global avaient soulevé des questions l’an dernier sur les moyens déployés par la Chine au Canada pour tenter d’influencer les résultats électoraux.

David Johnston, nommé par le gouvernement comme rapporteur spécial indépendant sur la question, avait d’abord écarté l’idée de créer une telle commission dans son rapport avant de démissionner deux semaines plus tard. Ce rapport rendu public en mai avait été fort mal accueilli par le Parti conservateur, le Bloc québécois, le Nouveau Parti démocratique et une brochette d’experts.

Avec Joël-Denis Bellavance et Mélanie Marquis, La Presse